Image
Pavé tok

Entrée en vigueur de la REP PMCB : entre satisfaction et mécontentement

Grégoire Noble
Image
déchets de chantier

Depuis le lundi 1er mai 2023, le paiement de l’éco-contribution lié à la filière REP des produits et matériaux de construction du bâtiment est entré en vigueur. Si les éco-organismes désignés se disent prêts, il n’en va pas de même pour les artisans, dont la Capeb et la FFB disent que les débuts sont contrariants… Tour d’horizon.

Partager sur

Le moins que l’on puisse dire c’est que l’entrée en vigueur de la filière à responsabilité élargie des producteurs (REP) sur les produits et matériaux de la construction amène des sentiments mitigés. D’un côté, les éco-organismes désignés qui communiquent autour de leur réussite. Valdelia par exemple, annonce ce 2 mai, « tenir ses engagements », avec l’ouverture d’un peu plus de 150 points de reprise sur le territoire. Ces sites, ayant contractualisé avec Valdelia, seront épaulés à la fois par un dispositif financier et par un accompagnement à la mise en place de la REP (collecte, tri, traitement, préparation des matériaux, consommations). L’éco-organisme rappelle que depuis le mois de janvier, ses équipes ont visité 344 sites. Deux parcours de formation et un pack d’outils de communication ont été conçus pour « sensibiliser les clients au nouveau service, tout en facilitant le tri sur site », avec bâches, flyers et signalétique adaptée. Valdelia fait savoir que 350 metteurs sur le marché l’ont choisi, citant au passage le groupe Janneau, CMEM, Interface, Bubendorff et Chausson Matériaux, qui en sont actionnaires.

De son côté, l’éco-organisme spécialisé dans les matériaux minéraux – le bien nommé Ecominéro – estime « démarrer sur les chapeaux de roue » avec le déploiement progressif de 1 000 points de reprise de ces déchets inertes. Dans un communiqué publié juste avant le 1er mai, il souligne : « À ce jour, 350 opérateurs de déchets ont contractualisé avec Ecominéro (…) sur l’ensemble du territoire national, y compris dans les territoires d’Outre-Mer (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Réunion, Mayotte) ». En ce début du mois de mai, le réseau se limite encore à 300 points d’apport volontaire qui accueillent les artisans et entreprises du bâtiment souhaitant se débarrasser de leurs déchets répondant aux standards prévus par la REP. Cet embryon de réseau sera complété au fur et à mesure par 300 autres points de reprise « dont la préparation opérationnelle est en cours pour une mise en service au 1er juin 2023 au plus tard ». La barre des 1 000 points de reprise devrait être atteint au mois de juillet selon l’éco-organisme spécialisé. Et ce n’est pas tout : Ecominéro note que « dès que le contrat-type unique pour les collectivités territoriales aura été validé (dossier piloté par l’OCA Bâtiment au nom des quatre éco-organismes agréés) », alors il sera en mesure de contractualiser avec les déchèteries publiques pour ajouter 3 000 points de reprise supplémentaires.

Des professionnels dubitatifs

Mais ces satisfécits ne convainquent pas les professionnels du bâtiment. La Capeb a fait savoir que l’entrée en vigueur de la REP PMCB était « un non-sens qui suscite l’agacement des entreprises artisanales ». La confédération estime que le report de quatre mois annoncé en décembre 2022 n’a pas été suffisant. Elle explique : « L’inquiétude est de mise chez les entreprises artisanales du bâtiment à qui l’on demande de se conformer à un dispositif qui n’est pas encore opérationnel tout en payant pour un service qui n’est pas encore disponible ». Selon ses propres calculs, au 2 mai, seuls 515 points de collecte étaient effectivement opérationnels, soit 10 % du nombre nécessaire. Ce qui obligerai à dépasser la distance de 10 ou 20 km de trajet pour aller déposer les déchets. La Capeb craint notamment un déséquilibre entre les zones péri-urbaines denses et les zones rurales, où les points de collecte seraient encore trop épars, ce qui créerait une inégalité entre les entreprises… 

Même son de cloche pour la FFB, qui dénonce « REP Bâtiment : un démarrage compliqué ! ». En cause, l’écocontribution qui vient s’ajouter au prix des produits et matériaux de construction. Le montant – variable selon l’éco-organisme choisi – apparaît déjà sur les devis et factures des producteurs (fabricants, importateurs et distributeurs) mais pas forcément sur d’autres documents. La Fédération dénonce également des standards de tri non arrêtés puisque toujours en cours de discussion… « Dans l’attente, nous vous conseillons de respecter les standards suivants : Catégorie 1 déchets inertes et Catégorie 2 métal, bois, plâtre, plastiques, laine de verre, laine de roche, menuiseries vitrées ». Un flou également pointé par la Capeb : « Aucun consensus n’a pu être trouvé concernant les quantités des autres déchets acceptés dans les bennes mono-matériaux. Alors que certains acteurs poussent pour l’instauration de règles contraignantes de tri, quelle que soit la nature des déchets, nous rappelons qu’il est fondamental que les standards de collecte correspondent à la réalité opérationnelle sur les chantiers et tout particulièrement dans le cas de travaux de rénovation ».

Démarche à suivre selon chaque éco-organisme

Écomaison :
•    créer un compte sur ourecycler.ecomaison.com en renseignant les informations administratives de l’entreprise ;
•    une fois le compte validé et les déchets à déposer renseignés, se présenter avec l’application au point de collecte ;
•    la traçabilité est gérée par le point d’apport volontaire directement sur le site Ecomaison.


Ecominéro : 
•    se rendre directement sur le point de collecte identifié pour y déposer les déchets triés
•    prendre le bordereau de dépôt ;
•    les apports de déchets inertes en petite quantité sont repris gratuitement chez les distributeurs et en déchèteries professionnelles. Un reste à charge de 50 % des coûts de traitement sera appliqué par les plateformes de recyclage d’inertes. Pour les gros volumes, il est nécessaire de contacter la plateforme en amont pour réaliser une demande d’acceptation préalable.


Valdelia : 
•    créer un compte sur le site de Valdelia pour valider les conditions générales d’utilisation du service ;
•    se rendre au point de collecte identifié pour y déposer les flux REP compatibles ;
•    prendre le bordereau de dépôt.


Valobat : 
•    se rendre au point de collecte identifié pour y déposer les déchets triés ;
•    prendre le bordereau de dépôt ;
•    à partir de la mi-mai, utiliser l’application ValoDépôt pour localiser les points d’apport et assurer la traçabilité ;
•    pour les déchets inertes, prendre contact avec la plateforme de dépôt pour connaître le reste à charge en amont.
 

Source : FFB

Grégoire Noble
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire