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[TRIBUNE Eric Rouet, VM Matériaux] « Les textes de la REP PMCB sont encore inapplicables »

Marie-Laure Barriera
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Eric Rouet DG VM Matériaux

VM Matériaux, par la voix de son directeur général Eric Rouet, prend la parole, pour interpeler les pouvoirs publics sur les nombreuses questions concrètes, non résolues par le législateur, autour de la mise en œuvre de la REP PMCB. Une tribune sous forme de billet d’humeur et obtenir des réponses et textes précis face à ce qui se présente parfois comme un véritable casse-tête. En effet, repoussée de quelques mois, l’entrée opérationnelle se rapproche : le 1er mai, les acteurs concernés devront appliquer, à la commercialisation de leurs produits/matériaux, une éco-contribution dont le montant est fixé par l'éco organisme auquel ils adhérent.

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Un état des lieux inquiétant

La mise en place d’une REP PMCB pour traiter les déchets du Bâtiment, n’est pas un sujet. Nous sommes convaincus de la nécessité de traiter cette problématique et d’avancer collectivement sur la création d’une économie circulaire et de solutions pour favoriser le recyclage. Mais, à ce jour, sur les 850 fournisseurs que nous référençons auxquels s’ajoutent les 1500 industriels occasionnels, 55 nous ont fourni des données, et seulement 50% d’entre elles sont exploitables pour être directement injectés dans notre système informatique. 
Deuxième écueil : le traitement de ces données par notre système. Prenons un exemple parmi d’autres, celui d’un manchon électro-soudable, évalué par un fournisseur à 8,53 la tonne. Rentrons dans le concret : pour un raccord à l’unité de 98 grammes, la conversion nous amène à 0,00098…Ce calcul est inapplicable par notre système dont le traitement ne va pas au-delà de deux décimales après la virgule. 
Autre problème rencontré sur la gestion des données : la conversion de l’unité logistique à l’achat, à l’unité logistique à la vente. Nous avons en effet à convertir des m², des poids, des m3. L’exemple du carrelage, pour lequel nous sommes metteur sur le marché, illustre bien cette problématique de conversion ingérable. 
 

REP PCMB ou pas

La mise en application de la REP pose aussi la question des produits qui ressortent à la fois du secteur du Bâtiment et de celui des travaux publics. Selon que ces produits sont mis en œuvre à l’intérieur de la parcelle ou à l’extérieur, ils sont soumis ou non à la réglementation. Imaginons que dans mon système, j’ai appliqué l’éco-contribution à mes fournisseurs, mais qu’à la vente, mes clients m’indiquent que ce produit sera posé sur un ouvrage de travaux public, je serais dans l’impossibilité de collecter et devrait, d’un côté demander à mon client un justificatif « Je certifie que… », et de l’autre obtenir un avoir REP auprès de mon fournisseur…Rappelons que nous sommes dans l’obligation d’arriver à un équilibre parfait dans nos calculs car il est interdit de garder une marge sur la REP. C’est une nébuleuse qui n’est pas traitée par l’Etat. 
 

Produits hors référencement et barèmes différents

Nous sommes également sans réponse sur la question des commandes passées ponctuellement par nos agences. Nous traitons la REP depuis le siège, et le tarif sur des achats réalisé par un point de vente spécifiquement pour un client auprès d’un industriel occasionnel n’est pas introduit dans notre système. 
Enfin, l’entrée en vigueur de l’éco-contribution nous place aussi devant la complexité de gérer sur des familles de produits identiques, des barèmes différents selon les éco-organismes auxquels auront adhéré tels ou tels fournisseurs 
Finalement pour assurer ce travail titanesque, nous évaluons que cela équivaudrait à l’emploi de trois collaborateurs à plein temps pendant trois mois. 
 

La gestion du parcours des clients 

La réglementation concernant le maillage des points de collecte n’est pas fixe, même si un seuil de m² et chiffre d’affaires a été publié*.
Avec le soutien de notre éco-organisme, nous sommes en train de déployer nos premiers sites afin d’organiser la reprise dans nos agences.
L’organisation du parcours clients au niveau opérationnel va s’avérer particulièrement complexe : le client déclare ce qu’il y a dans son camion, et nos magasiniers dont ce n’est pas le métier devront contrôler le type de déchets et la qualité du tri effectué par le client et en évaluer la volumétrie, et demander l’origine du chantier d’où proviennent ces déchets pour remplir et imprimer le Cerfa… Soit un potentiel de source de litiges et d’irritants clients sans compter que ces déchargements se feront aux horaires lors de l’enlèvement des matériaux aux pointes de trafics dans nos agences.


En conclusion de tous ces constats, nous voyons bien le nombre de questions qui restent posées, et la complexité dans laquelle nous nous trouvons pour aborder le 1er mai, mais aussi les mois à venir. Comme je l’évoquais en introduction, je reste convaincu de la nécessité d’avancer sur cet enjeu des déchets dans le Bâtiment, mais nous devons obtenir rapidement des réponses claires et des solutions collectives. 

*(NDLR : « Le décret prévoit également que certaines mesures doivent être précisées dans le cahier des charges des éco-organismes de la filière en ce qui concerne les conditions minimales du maillage territorial des points de reprise des déchets et les modalités de mise en œuvre progressive de la filière pendant la première période d’agrément. » source ministère).
 

Marie-Laure Barriera
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