InohaDays : les négos pour un “ÉcoScore” partagé

Des petits plats dans les grands lors des récents InohaDays qui ont rassemblé les distributeurs, les fournisseurs et la presse professionnelle dans un grand amphithéâtre. Avec pour commencer l’accueil du président d'Inoha Jean-Luc Guéry et immédiatement le micro tendu au conférencier star sur le sujet du changement climatique : Jean-Marc Jancovici – le président fondateur du think-tank The Shift Project et fondateur associé de Carbone 4.

Dans son style unique, ce membre du Haut Conseil pour le climat a remis en perspective l’industrie française et mondiale au regard des enjeux climatiques. Partant de la bonne vieille époque où l’homme se contentait d’énergies renouvelables, il a rappelé comment nos sociétés avaient développé, avec les machines, une puissance considérable mais nécessitant de consommer les énergies fossiles à l’origine des dérèglements actuels et à venir.

« Pour certains cadres  dans cette salle, cette énergie consommée représenterait celle de mille esclaves si elle n’existait pas ! En un mot, chaque citoyen consomme la puissance de deux-cents esclaves et les plus actifs d’entre vous auraient besoin de mille personnes » pour arriver au même « standing », a souligné l'expert.

Le décor est planté. Et Jean-Marc Jancovici de dérouler ses scénarios terribles avec cet humour un peu désespéré qu’on lui connaît. Il prédit moitié moins de camions en 2050. Idem pour les voitures. Il s’interroge sur la rénovation thermique de certains bâtiments qui disparaîtront de toute façon dans le “monde d’après”. Il cite l’exemple des big box de type Ikea dont il prédit « qu’il n’auront plus de fonction ».

Distributeurs et industriels s’affaissent dans leur fauteuil. Sa vision de la consommation du bâti est sévère. Du ciment aux aciers, en passant par les tuiles, tout consomme de l'énergie ! D’ailleurs, il ne croit guère à la neutralité carbone en 2050. Les combats actuels paraissent dérisoires au vu ce que le climat nous réserve.

Néanmois Jean-Marc Jancovici ne se veut pas forcément que pessimiste. Il clôt ainsi son intervention par un conseil : « La seule chose à faire c’est déjà donner du temps dans vos agendas à ce problème. Et donner du temps, c’est arrêter de faire... autre chose ».

Commence alors la séance des questions-réponse. Moins précis à l’improvisation que dans son “one-man-show”, il ne répond pas exactement. Mais l’essentiel est dit et la suite peut commencer… vers une notation RSE commune.

A la tribune, il y a Sandrine Le Deitt (eader de la stratégie métier et de l'offre chez Leroy Merlin), l’Ademe avec Edouard Fourdrin, Marine Charles (directrice de Weber), Claire Chabrier (DG de France Invest) et Florent Fochesato, le jeune DG de HBF.

Ce dernier, comme nombre de fournisseurs présents, dit son exaspération face aux réglementations pas toujours claires, aux demandes des uns et des autres pour fournir des datas et des infos environnementales ; chaque distributeur ayant sa propre grille d'évaluation.

Leroy Merlin, lui, travaille d’arrache-pied à trier ses fournisseurs sur la foi de leurs pratiques vertueuses en matière d’environnement – « même pour la marketplace » – annonce préparer son “éco scoring” : le ScoreCard, c'est-à-dire la fiche d'évaluation, sans doute partagé avec les utilisateurs.

Le leader de la distribution dit avoir « l’obsession de ne pas tomber dans le greenwashing » et souligne d’ailleurs avoir retiré de la vente le glyphosate depuis 2009... sans le dire car il restait un magasin dans le réseau qui continuait à le vendre.

Bref ! Leroy Merlin prépare sa méthode de scoring qu'il veut la plus inattaquable possible et annonce être ouvert à la partager avec ses concurrents. Cela répond d’une certaine manière aux souhaits de Jean-Luc Guéry qui ne veut pas que ce sujet d’échanges de datas devienne une arme de concurrence entre les distributeurs sur le dos des industriels qui devraient apprendre à parler plusieurs langues.

On sait que les industriels aimeraient participer à cette co-construction. D'ailleurs, l'idée avait germé il y a quelques années chez les industriels afin de créer leur propre écolabel. Or, après ce 1^er décembre 2022, tout le monde part avec une certitude : le travail en commun commence.

Quelques instants après, lors d’une autre table ronde dédiée aux bonnes expériences en matière d’économie circulaire, Emmanuel Bernard (Samse) rebondira sur cette question en appelant à mettre en œuvre ce “Nutriscore” version Nouvel Habitat qui sera commun aux fournisseurs et aux distributeurs. En quelque sorte, il n’y a plus qu’à !

Reste que chez les professionnels du négoce Bâtiment, le dossier des fiches de données environnementales et sanitaires est, lui, déjà abordé depuis plusieurs années pour les matériaux de construction et solutions techniques. Et de nouvelles réflexions sont d’ailleurs en cours pour accélérer leur montée en puissance. 

Lors de La Nuit by Inoha, les 7^es Trophées INOHA ont été décernés à des industriels adhérents à l’association (en photo ci-dessus) pour leur démarche valorisante dans les catégories suivantes : RSE (Responsabilité sociétale des entreprises), Communication et Innovation. 

Le jury – composé d’experts de la filière, de la RSE et de journalistes dont la rédaction de Zepros Habitat – a choisi cette année de distinguer les fournisseurs suivants : 

• Trophée de la RSE : Brunel Chimie Dérivés pour sa marque Starwax.

• Trophée de la communication : Syntilor pour l’expérience “Ressources” et le parcours client biosourcé 3.0, ainsi qu’Optimum pour son configurateur de façades de placard sur-mesure.

• Trophée de l’innovation : Soprema avec sa ouate de cellulose Univercell Cristal.

• Coup de cœur du jury : Ayor pour son siphon de lavabo « malin » Ondée Zen.