Les passoires thermiques changent de mains
Avec l’interdiction de location des pires passoires thermiques (consommation >450 kWh/m²/an) le marché de l’immobilier a connu une forte évolution au cours de 2022. Les propriétaires de ces épaves ont cherché à s’en débarrasser au plus vite, ne pouvant ou ne souhaitant pas y réaliser des travaux de remise à niveau.
Les logements les moins vertueux se sont finalement bien vendus. Selon le bilan annuel des Notaires de France, les transactions concernant les habitations en situation de « passoire thermique », dont les consommations énergétiques sont les plus élevées au mètre carré, ont connu une forte progression tout au long de 2022. Pour preuve, les biens avec les étiquettes « F » et « G » du Diagnostic de performance énergétique (DPE), ne représentaient que 11 % des ventes en 2021, chiffre qui a bondi à 17 % quelques mois plus tard.
Les notaires soulignent : « En particulier, la part des logements les plus énergivores (classe G) est passée de 3 % au 3e trimestre 2021, à 5 % au 4e trimestre 2021, pour monter enfin jusqu’à 7 % au 1er trimestre 2022, soit +4 points de parts de marché (…) La part des logements de classe F a également augmenté, mais dans de moindres proportions, passant de 8 à 10 % entre les 3e et 4e trimestres 2021 ». Les chiffres montrent que ces transactions se sont faites principalement au détriment des logements à l’étiquette intermédiaire « D », dont la proportion n’a cessé de dégringoler, passant de 39 % mi-2021 à 34 % au début de 2022. Tout en bas de ce panorama, les habitations les plus économes restent marginales : les classes « A » et « B » ne représentent à elles deux, que 6 % des ventes… Trop récents ou trop confortables, personne n’a envie de les quitter.
« Travaux à prévoir »…
« L’interdiction à la location, dès janvier 2023, d’une partie des logements de classe G (ceux dont la consommation d’énergie primaire est supérieure à 450 kWh/m²/an qualifiés comme ‘indécents’ dans la législation) a pu accélérer la décision de vendre chez les détenteurs ». Reste à savoir si les acheteurs ont fait une bonne affaire ? S’ils sont prêts à y faire les travaux nécessaires, et si le prix d’achat était suffisamment attractif pour que le différentiel avec le niveau du marché permette de financer les interventions d’isolation ou de changement de chauffage, alors la réponse sera oui. Mais ça, le bilan des notaires ne le dit pas.
D’après le Service de la donnée et des études statistiques (SDES), la France compterait environ 7,2 millions de logements classés « F » ou « G ». Cependant, l’interdiction entrée en vigueur depuis le 1er janvier dernier ne concernerait que 90 000 logements environ (dont 70 000 logements privés). Dans le futur, la vis se resserrera davantage, avec une limite de consommation énergétique annuelle de plus en plus basse : tous les biens de classe « G » seront interdits à la location à partir de 2025, puis ceux de classe « F » à partir de 2028, enfin ceux de classe « E » en 2034. Les annonces immobilières doivent par ailleurs faire apparaître la mention « Logement à consommation énergétique excessive » pour tous les biens étiquetés « F » ou « G », dès à présent. La sortie du statut de passoire thermique devient donc de plus en plus impérative. Rappelons qu’un chantier de rénovation globale pour un appartement, afin de le sortir du statut d’épave et le porter au niveau BBC Réno, nécessite un budget de 25 k€ en moyenne.