Les recruteurs du bâtiment sont particulièrement à la peine

Grégoire Noble
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électricien métier

Le secteur du BTP est historiquement marqué par des tensions au recrutement. Les facteurs sont multiples (conditions de travail, lien avec la formation) mais l’intensité des embauches est la première raison avancée, surtout depuis la reprise de l’activité post-Covid. Le Baromètre Komète by Kyu apporte des éclairages sur toutes les données de la Dares et de Pôle Emploi.

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« Quand le bâtiment va… » tout le monde connaît le refrain. Mais comment faire quand la construction peine à trouver des bras ? Les 730 000 entreprises spécialisées de France affichent en effet une forte reprise de leur activité depuis la crise sanitaire (+35 % de chiffre d’affaires entre début 2020 et mi-2022). Et il leur est difficile de trouver la main d’œuvre nécessaire pour mener tous leurs chantiers notamment de rénovation énergétique. Toutefois, cette situation n’a rien d’inédit : comme nous le rappelle le Baromètre Kyu des Tensions au recrutement, « le secteur [est] historiquement marqué par de fortes tensions au recrutement. Depuis 2011, les tensions sont 2 à 3 fois supérieures à celles enregistrées tous secteurs confondus. Après une diminution du niveau de tension jusqu’en 2015, elles se sont continuellement intensifiées depuis 2016 ». Mauvaise nouvelle donc pour les recruteurs du bâtiment.

Comment décrypter cette tendance ? Par l’intensité des embauches, répond le cabinet de conseil Kyu : « Cette dynamique s’explique par la croissance du marché de la construction. La préférence à l’investissement patrimonial, la diminution tendancielle des taux depuis 2015 ont pu intensifier la demande de travail pour les métiers du secteur ». D’autres facteurs rentrent également en compte, comme le manque de main d’œuvre disponible, « dû à la diminution du nombre de chômeurs en France depuis 2015 » et l’inadéquation géographique entre les postes proposés et les candidats, avec certains territoires particulièrement exposés. Les conditions de travail contraignantes peuvent également alimenter ce phénomène de difficulté de recrutement, surtout dans le cas du gros œuvre. Dans le second œuvre, « la plus grande diversité des métiers et des compétences (plombier, électricien…) » induit une plus grande inadéquation entre la formation et l’emploi. Le second œuvre se démarque également par son absence de saisonnalité, contrairement au gros œuvre dont le marché de l’emploi se montre davantage conjoncturel.

Besoin de maçons, de menuisiers... et d'ingénieurs

Le Baromètre de Kyu note que des tensions fortes s’exercent sur certains métiers dont ceux de la maçonnerie, du fait des volumes de recrutements qu’ils représentent. L’Île-de-France, la Nouvelle-Aquitaine et PACA sont les trois régions les plus demandeuses en 2022, « en raison du dynamisme du marché de la construction dans les métropoles, Grand Paris, Marseille et Bordeaux ». En menuiserie, pas moins de 19 000 projets de recrutements sont prévus, contre 15 000 en 2021. En second œuvre, des tensions critiques existent sur les chefs de chantier (+30 % d’offres d’emploi) et de technicien électrique (+55 %). Chez les cadres, les métiers de l’ingénierie sont les plus recherchés devant les métiers de la direction et ceux des technologies de l’info-communication, car ces deux dernières familles ont connu une large croissance jusqu’en 2019 suivie d’une baisse à partir de l’épisode sanitaire. « On observe ainsi une substitution entre les équipes support ou d’encadrement et les équipes de terrain qui répondent directement au besoin d’activité », note Kyu.

Corollaire de ces tensions au recrutement, « une augmentation des salaires et une amélioration des conditions d’emploi proposées » pour parvenir à séduire des employés potentiels. Kyu souligne que les revenus ont augmenté de +1,7 % entre juin 2020 et juin 2021, contre +1,3 % pour la moyenne nationale. Depuis le début de 2022, l’évolution des salaires est également positive avec +2 % sur les 6 premiers mois de l’année, notamment pour faire face à l’inflation. Côté conditions de travail, le baromètre note qu’il y a davantage de CDI et de temps pleins proposés aujourd’hui qu’avant le Covid (+2 et +4 points respectivement). La tendance est encore plus marquée chez les cadres.

Métiers du bâtiment les plus en tension

1.    Technicien en mécanique, travail des métaux
2.    Dessinateur en électricité/électronique
3.    Ingénieur et cadre d’études R&D
4.    Agents de maîtrise en fabrication de matériel électrique
5.    Ingénieur du BTP
6.    Régleur
7.    Géomètre
8.    Couvreur
9.    Chef de chantier, conducteur de travaux

Grégoire Noble
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