Le soutien des travaux mono-gestes ne fait pas l’unanimité

Grégoire Noble
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Dépose de menuiseries.

La Capeb et la FFB sont satisfaites : le gouvernement a fait marche arrière pour 2024 et relancer le marché de la rénovation énergétique en soutenant, à nouveau, les monogestes. Ceci plutôt que de soutenir massivement (et uniquement) les rénovations d’ampleur. Un revirement qui ne convainc pas tous les acteurs du secteur.

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Les fédérations du bâtiment estiment avoir remporté une victoire. Elles ont été entendues et, à l’issue d’une réunion qui s’est tenue ce vendredi 8 mars 2024, le ministère de la Transition écologique et du Logement a annoncé un assouplissement des règles concernant l’attribution des aides publiques. Comme le rappelle Dorémi (entreprise d’économie sociale spécialisée dans la rénovation performante), « les mono-gestes bénéficient à nouveau du financement MaPrimeRénov’, l’obligation du Diagnostic de performance énergétique (DPE) a été levée, et les démarches pour obtenir l’agrément Mon Accompagnateur Rénov’ (MAR) vont être simplifiées ». Des annonces qui devraient donc satisfaire toute la filière puisqu’elles simplifient les démarches et desserrent les conditions d’accès.

Soutenir les mono-gestes, est-ce se disperser ?

Cependant, tout le monde n’est pas d’accord avec ce mouvement de balancier et certains considèrent ce revirement comme un recul. Notamment Carine Sébi, professeure à la Grenoble École de Management, spécialiste de la question de l’efficacité énergétique, qui expliquait au micro de France3 : « Ça va à l’inverse de ce qu’il faudrait faire. On sait très bien que ce genre d’investissements non rentables doivent être massivement soutenus par des aides. Il faut absolument engager des rénovations profondes et arrêter les mono-gestes ». Pour elle, la question du retour sur investissement est primordiale pour résoudre les problématiques de précarité énergétique. Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, défendait pourtant : « Mieux vaut une rénovation globale à un mono-geste. Mais mieux vaut un mono-geste que pas de rénovation du tout ».

Vincent Legrand, président de Dorémi, est lui aussi contrarié par la décision ministérielle : « Après avoir affiché sa volonté de soutenir les rénovations performantes, le gouvernement réouvre sans restriction le financement des mono-gestes de travaux (changement de fenêtres ou de chauffage seul par exemple), sous la pression des organisations professionnelles. Plusieurs rapports ont clairement démontré l’inefficacité de ces pratiques pour décarboner et pour sortir 12 millions de Français de la précarité énergétique, et l’impossibilité d’atteindre un logement performant en passant par ces mono-gestes, qui réduisent trop peu les factures énergétiques ». Une position que ne partage par la Capeb, qui souhaite que les gestes uniques soient inscrits dans un parcours de travaux étalé sur plusieurs années, afin d’alléger l’investissement initial. Le président de Dorémi reprend : « Pour soutenir la rénovation performante, qui montre tout son intérêt sur le terrain, il faut stabiliser sur plusieurs années la politique publique en faveur de la rénovation performante. Il faut aussi mettre en place une vraie lutte contre la fraude et les arnaques, qui prennent de l’ampleur et ne semblent pas constituer aujourd’hui une priorité pour le gouvernement ». La polémique ne fait que commencer entre partisans de l’activité à tout prix, pour sauvegarder les entreprises et l’emploi, et défenseurs de l’efficacité des travaux pour parvenir à réellement réduire les consommations…

Grégoire Noble
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