Pavillon Bleu d'Amiens : la Belle Epoque revit

L’agence Socréa, spécialisée dans l’architecture du patrimoine, a été chargée du projet. Florent Basset, l’un des associés, relate : « Il a fallu sortir des chantiers habituels des bâtiments anciens, toucher à tous les corps de métier, et retrouver les traces du projet d’origine d’Anatole Bienaimé pour s’en rapprocher le plus possible ». L’architecte de la fin du 19^e était réputé dans la région pour ses villas balnéaires au Touquet ou à Berck. Pour le Pavillon Bleu il était également important de retrouver « l’architecture pittoresque extravagante, qui mêle progrès techniques de cette période et imaginaires littéraires ». C’est donc à l’aide de plans historiques et de cartes postales anciennes que l’équipe a planché sur une restauration proche de l’origine. Un travail complexe puisque le bâtiment est un ensemble d’éléments juxtaposés, ajoutés au cours de son histoire plus que centenaire… Wienerberger, qui a fourni les tuiles Koramic Vieille Panne 451 Rouge, d’inspiration flamande, explique : « Le charme du site vient de l’harmonie conjuguant diversité et alignement de plusieurs formes d’architecture. En effet, se superposent une laiterie, une tour, un kiosque, une salle puis une véranda polygonale, introduits par portails et passerelles japonisants. Le tout aligné face au parc et au canal ».

Les matériaux, eux-aussi, sont multiples : parement de briques pour l’ancienne laiterie et la partie auberge, bois et enduit chaux pour la tour à pans au décor néo-médiéval, métal et verre pour la véranda et le kiosque… De nombreuses interventions ont été nécessaires pour retrouver l’aspect originel. Les charpentes menuisées ont été reprises au niveau géométrique et ornemental. À l’extérieur, les éléments en Douglas et en chêne ont été conservés, tandis qu’à l’intérieur c’est du peuplier qui a été choisi. Pour les toitures, les restaurateurs ont « saupoudré ici et là sur les couvertures des tuiles restituées selon l’iconographie ancienne, un bestiaire d’épis de faîtage en terre cuite de tradition locale ». Il est ainsi possible – pour un observateur attentif – de trouver un écureuil, un héron, un hibou ou un escargot, mais également un dragon et un griffon. Une façon de rappeler que le pavillon fait partie du parc zoologique.

Florent Basset (Socrea) poursuit : « Toutes les façades sont orientées sud pour un ensoleillement maximal. La disposition des soubassements et des fenêtres apporte de la rigueur à cette profusion de formes différentes ». Pour l’architecture intérieure, les responsables du projet se sont tournés vers la littérature de l’époque et notamment vers Jules Vernes et « Cinq semaines en ballon », ou encore vers les réalisations métalliques de Gustave Eiffel. Selon ses restaurateurs, le Pavillon Bleu devrait afficher « une rutilance spectaculaire », avec cette reconstruction à neuf, et pleine de couleurs comme l’ocre, le blanc et… le bleu !