Rexel : un courant d’affaires fort dans l’industrie, mais plus faible en résidentiel

Toujours pas d’électrochoc chez Rexel lié au climat économique international ! Dans son communiqué financier diffusé ce 28 juillet, le distributeur évoque une « activité solide, portée notamment par les tendances à l’électrification, la montée en puissance du digital, la croissance des volumes en Amérique du Nord et des hausses de prix des produits hors-câbles dans toutes les géographies ».

Avec un chiffre d’affaires total un peu supérieur à 4,7 Md€ au deuxième trimestre, la croissance du groupe s’est affichée à +12 % à nombre de jours constant et à +26,3 % en données publiées. Si les volumes de ventes n’ont progressé que de +0,6 %, l’inflation des coûts matières continue d’entretenir les gains en valeur. Avec « de nouvelles hausses respectives de 9,2 % et de 2,2 % du prix de vente des produits hors-câbles et câbles », précise le distributeur dans son communiqué.

Si Rexel anticipe « de nouvelles hausses de prix de vente au second semestre 2022 », la zone Europe (50 % du CA groupe) a été confrontée sur la période avril-juin 2022 à « un effet de base plus difficile » en raison de « la forte reprise de l’activité post-Covid » au deuxième trimestre 2021. En données comparables et à nombre de jours constant, la croissance demeure néanmoins solide : à +10,4 % en valeur, mais en léger repli de 0,5 % en volume au T2, et à +11,9 % (valeur) au S1.

En France (38 % des ventes en Europe), le distributeur fait là aussi état d’« une solide croissance de +7,6 % » qui a été « portée par un nombre accru de clients actifs et des hausses de prix significatives ». À cet égard, Thomas Moreau, le président de Rexel France, souligne dans l’édition 2022 de ZeNégoce TOP100 que « la filière vit des soubresauts économiques d’une rare violence » (voir l’entretien en page 64).

N'empêche. Si la filiale hexagonale constate que la progression des ventes s’amenuise par rapport au T1 22 en raison d’un fort effet de base, elle a enregistré « de nouveaux gains de parts de marché durant le trimestre ». Son réseau a connu « une forte demande » sur le marché industriel, et « dans une moindre mesure », sur le segment commercial, compensant « une croissance moins forte du résidentiel ». 

Engagé dans une démarche de transformation numérique depuis bientôt cinq ans, Rexel fait également part d’« une nouvelle croissance de la digitalisation » dans l’ensemble de ses filiales. L’activité on-line a capté un quart des ventes au deuxième trimestre 2022 comparé au T2 2021. En Europe, le canal digital atteint aujourd’hui 34,9% du chiffre d’affaires.

Dans la foulée, le groupe confirme des objectifs annuels « réhaussés » pour l’exercice 2022 selon le communiqué . Des propos que la direction avait déjà tenu, à Zürich, le 16 juin dernier lors de son Capital Markets Day. Le directeur général Guillaume Texier avait alors indiqué que « Rexel est aujourd’hui en bonne position pour passer à la vitesse supérieure en matière de croissance rentable ».

Outre des rachats ciblés* qui pourraient générer jusqu’à 2 Md€ de chiffre d’affaires supplémentaire entre 2022 et 2025, l’entreprise entend par ailleurs améliorer la croissance organique. Une stratégie qui passe, entre autres, par une nette montée en puissance de sa supply chain. À l’image de ce qu’a engagé Rexel France dans les Bouches-du-Rhône par exemple.

Pour Guillaume Texier, il s’agit de déployer et de faire monter en charge « des modèles de chaîne d'approvisionnement innovants pour aider à surmonter les contraintes environnementales et la pénurie de main-d’œuvre avec des solutions 24h/24 et 7j/7, comme les casiers et les agences automatisées ».
* En parallèle, le groupe doit finaliser d'ici à octobre 2022 la cession de Rexel Espagne et de Rexel Portugal à Sonepar. Les deux BU génèrent 170 M€ de CA avec 60 agences.

Objectif annoncé d’ici à trois ans ? Tripler le parc de centres de distribution automatisés qui sont, actuellement, au nombre de six en vue de renforcer nettement les capacités de stockage notamment sur les univers métiers porteurs.

En filigrane, le distributeur avait d’ailleurs indiqué lors de son Capital Markets Day 2022 entrevoir « de grandes opportunités » pour accélérer l’activité sur les marchés portés par la transition énergétique comme le photovoltaïque, le génie climatique, l’industrie 4.0 et l’IRVE (bornes de recharge pour les véhicules électriques).

Enfin, Rexel avait rappelé à Zürich son ambition de vouloir « franchir une nouvelle étape dans la digitalisation » de la relation client et de l’expérience utilisateur (voir le PDF en anglais ci-dessous – “Tirer parti du numérique pour transformer Rexel”). À l’instar d’enseignes de la grande distribution et de marketplaces, trois dossiers au moins figurent en haut de la pile des directions commerciale et marketing du groupe.

À commencer par l’exploitation plus systématique de l’intelligence artificielle (IA) afin d’optimiser les plans de stock et d’assortiment, des outils de tarification élaborés ou encore la solution Next Best Offer (alertes de vente). Sur ce dernier point, il est entre autres question de machine learning, d’e-mail to EDI ou encore d’automatisation des processus métiers dits “critiques”.

Et là il s’agit de « libérer du temps pour l’acquisition clients », d’« éliminer les risques d’erreur » et, in fine, d’améliorer encore la productivité sur toute la chaîne de valeur. Dès 2019, tous ces dispositifs ont été mis en œuvre et expérimentés dans six pays européens dont la France. Aujourd’hui, numérique, chaîne d’approvisionnement et productivité font partie des cinq leviers du plan stratégique “Power Up 2025” mis en place par Rexel.