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Comment de l’électricité « made in charbon » rentre en douce en Europe

Grégoire Noble
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[Zepros Energie] En multipliant les connexions entre les réseaux électriques nationaux, l’Union Européenne s’exposerait davantage à des importations de courant issu du charbon. De très nombreux projets de centrales devraient pousser aux portes de l’Europe, dans des pays plus soucieux de leur exportations que de leur empreinte carbone, déplaçant le problème des émissions de gaz à effet de serre à quelques centaines de kilomètres, sans le régler.

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Les pays européens importent de plus en plus d’électricité des nations voisines. De 3 TWh en 2017, la quantité de courant est passé à 21 TWh en 2019. Ces importations, qui représentent 1,6 Mrd€ de dépenses, ne sont soumises à aucune taxation carbone. Dans le même temps, les pays de l’UE cherchent à sortir du charbon et sa calamiteuse empreinte environnementale. Rappelons que pour chaque MWh d’électricité produit, c’est près d’une tonne de CO2 qui s’envole dans l’atmosphère, là où le gaz en émet deux fois moins et les renouvelables près de 100 fois moins...
Le think tank Sandbag révèle un effet pernicieux : cette production de courant sale se déplacerait hors des frontières de la Communauté pour s’établir à ses portes, dans des pays tiers – moins regardants – mais prochainement mieux interconnectés au réseau électrique. Certains pays de l’Union Européenne, proches des Balkans, d’Europe orientale ou d’Afrique du Nord seraient plus particulièrement exposés. Le groupe de réflexion estime que les importations européennes représentent une empreinte de 26 Mt de CO2 annuelles. Et cette quantité ne fera que croître à l’avenir, puisque les capacités de production électrique grâce à des centrales à charbon vont exploser. Plus de 57 GW sont prévus, notamment en Turquie (34 GW), Égypte (11 GW), Bosnie-Herzégovine (4 GW) et Serbie (2 GW). D’autres connexions sont également programmées vers la Tunisie, la Libye ou la Moldavie, qui entreront en service avant 2025. Chris Rosslowe, l’auteur du rapport, déclare : « La politique de l’UE entraîne une nouvelle vague de construction de centrales à charbon juste à ses frontières. Cette énergie polluante s’introduit furtivement dans le réseau ».

Une externalisation du gaz carbonique


Plusieurs points d’entrée sont cités, comme la Grèce, qui a prévu de sortir du charbon en 2028 mais qui sera reliée à la Turquie et à l’Égypte. Ou l’Espagne, qui se tourne vers le Maroc où l’électricité est moins chère. La situation sera identique en Croatie interconnectée avec la Bosnie, la Finlande fortement dépendante de l’électricité russe, ou la Roumanie et la Hongrie qui importent des électrons d’Ukraine et de Moldavie, faute d’avoir su moderniser leurs systèmes de production. Le carbone se délocalise donc mais les émissions de gaz, elles, ne connaissent pas de frontières. L’auteur du rapport explique qu’une solution existe : « Une taxe frontalière sur le carbone sur cette électricité importée. Grâce à cette nouvelle politique, nous pouvons étendre l’influence de l’UE en matière de réduction des émissions et ce, au-delà de ses frontières, en aidant les pays voisins à produire plus rapidement une énergie propre ». La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a d’ores et déjà présenté un projet en ce sens.

G.N.
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Grégoire Noble
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