De Melo Piscines : « La reprise, c’est maintenant ou jamais »

Jérémy Becam
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À l’arrêt depuis le début du confinement, l’entreprise familiale De Melo Piscines située à Saint-Jean d'Illac (33) a repris son activité la semaine dernière. En plus de la reprise des chantiers, le fabricant de piscines traditionnelles a mis en place un drive and collect à destination de ses clients. Une solution indispensable pour permettre à l’entreprise de rouvrir son magasin à une période capitale de l’année pour elle.

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Zepros : Comment l’entreprise s’est-elle organisée afin de reprendre son activité ?

Aurélie De Melo : "Nous sommes une entreprise de construction de piscine traditionnelle. En plus de cette activité, nous vendons également des produits aux particuliers pour l’entretien de leur piscine ainsi que des kits pour analyser l’eau de celle-ci. Au début du confinement, nous avons été obligés de mettre notre activité à l’arrêt que ce soit au niveau des chantiers ou au niveau de notre magasin. Durant cette période d’arrêt, nous avons réfléchi à un système pour pouvoir rouvrir notre boutique tout en assurant la sécurité de nos salariés et de nos clients. Pour notre entreprise, le mois d’avril est la période de remise en route des piscines de nos clients. Nous avons donc décidé de mettre en place un drive and collect. Nous avons préparé une fiche à destination de nos clients où nous expliquons le système mis en place en 9 étapes (voir image en dessous). Concrètement, après avoir réalisé les différentes étapes en amont, nos clients viennent à notre magasin où nous avons tout aménagé pour les accueillir dans le respect de normes de sécurité et d’hygiène. Le passage se fait en deux étapes : du côté de notre porte de secours, nous avons aménagé un kiosque où nos clients viennent déposer leur échantillon d’eau. Nous l'analysons ensuite afin d’estimer si la piscine de notre client manque de chlore par exemple. Selon leurs besoins, les clients passent ensuite une commande et la récupèrent au niveau de notre entrée principale. Pour le paiement, soit nous lui envoyons un lien bancaire sécurisé soit nous lui proposons de payer en carte bancaire grâce à des gants que nous fournissons. Nous mettons aussi à disposition du gel hydroalcoolique. Le temps de procéder au paiement, la commande du client est prête de l’autre côté du magasin sur une palette. Nos clients n’ont ainsi pas besoin de rentrer dans notre magasin et ne prennent aucun risque.

Zepros : Vos clients n’ont-ils pas eu des réticences à se déplacer ?

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A. D M : Nous avons mis ce système en place depuis le 20 avril et nos clients répondent présent. En amont nous les avons informés de ces différentes étapes via notre site internet et nos réseaux sociaux où nous sommes très présents. La partie magasin est importante pour notre activité et les ventes se font généralement entre avril et septembre, il ne fallait pas rater le coche. Nous proposons gratuitement les analyses d’eau depuis plusieurs années, c’est important pour fidéliser notre clientèle. Nous ne cherchons pas à leur vendre des produits s’ils n’en ont pas besoin et nos clients y sont sensibles. La reprise, c'est maintenant ou jamais, car sinon l’ensemble du secteur va rester à l’arrêt. Pour la survie de notre entreprise, il faut également se remettre en ordre de marche.

Zepros : Concernant vos chantiers, comment avez-vous préparé le retour de vos équipes ?

A. D M : La partie construction a été arrêtée dès le début du confinement pour plusieurs raisons. La première, c’est la fermeture de nos fournisseurs lors des premières semaines. La seconde raison est qu’étant membre de la FFB et de la FPP (Fédération des Professionnels de la Piscine), nous attendions les préconisations de ces organisations avant de reprendre ou de lancer des chantiers. Une fois le guide de l’OPPBTP sorti, nous nous sommes mis à la recherche de gel et de masques pour nos équipes. Au bout de quinze jours, soit le 15 avril, nous avons pris la décision de reprendre nos chantiers. Nous avons envoyé un mail à tous nos clients dont les travaux avaient été arrêtés au 17 mars avec un questionnaire à remplir et les protocoles à suivre pour eux et nos équipes. Nous avons appliqué le même principe pour les demandes de SAV avec un questionnaire à remplir. Nous avons remis un kit à chacun de nos salariés avec à l’intérieur des lunettes, des gants, les masques et des sacs poubelles pour récupérer les déchets. Nous leur remettons ce kit tous les matins et ils doivent compléter un « questionnaire santé » remis par l’OPPBTP afin de savoir s’ils n’ont pas de symptômes. Nos clients ont été très sensibles à toutes ces démarches et ont même proposé de fournir des équipements à nos équipes.

Zepros : Quel impact économique va avoir cette crise sur votre entreprise ?

A. D M : Pour nous, en cette période de l'année, un mois équivaut à trois mois d’activité. Nous n’avons pas encore chiffré l’impact de cette crise sur notre entreprise. Nous essayons de profiter des différentes aides mises à notre disposition, mais il va falloir les rembourser. Cela reste des solutions provisoires. Le chiffre d’affaires pendant cette période ne sera jamais rattrapé. 98 % de notre activité fonctionne sur le bouche-à-oreille, il est donc difficile de savoir le nombre de clients que nous avons manqué ou le nombre de chantiers que nous aurions pu lancer. Désormais, il faut espérer que la demande reprenne. C’est notre plus grosse appréhension : comment et quand la demande va-t-elle revenir ? Concernant nos distributeurs, les livraisons ont repris même si les délais se sont rallongés. Nous sommes une société familiale alors nous essayons de faire ce que nos concurrents ne font pas. Certains d’entre eux ne se déplacent pas du tout depuis le début du confinement. De notre côté, quand un client est prêt à signer, nous nous déplaçons personnellement plutôt que d’envoyer nos équipes afin d’éviter de leur faire prendre des risques. Il faut savoir qu’en tant que membre de la FPP, nous sommes obligés de nous déplacer afin de valider un chantier et de nous assurer de la faisabilité du dossier. Nous sommes donc obligés de nous déplacer malgré cette crise sanitaire si nous voulons assurer l’avenir de notre entreprise."Les mesures et les aides mises en place ne sont pas parfaites, mais elles nous permettent de survivre.

Jérémy Becam
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