Image
Pavé tok

La RE2020 n'est pas encore là, mais certains regardent déjà au-delà

Grégoire Noble
Image

[Zepros Bâti] À la demande du Plan Bâtiment Durable, le groupe Réflexions Bâtiments Responsables-Territoires (RBR-T) planche sur un label volontaire qui viendrait compléter la future réglementation environnementale des bâtiments, attendue pour la mi-2021. Cette démarche permettra aux acteurs d'aller encore plus loin dans certains domaines comme le confort ou la santé, l'adaptabilité des constructions à différents usages ou à leur partage, la neutralité carbone ou encore l'économie circulaire.

Partager sur

Le groupe prospectif du Plan Bâtiment Durable, qui regroupe une vingtaine d'experts sous la co-présidence de Christian Cléret (Novaxia) et Jean-Christophe Visier (CSTB) travaille depuis plusieurs années à l'anticipation des réglements pour le monde de la construction. Dernièrement, ce groupe Réflexions Bâtiments Responsables-Territoires a réfléchi à la mise en place d'un label volontaire, en même temps que la RE2020, qui permettrait aux acteurs les plus avancés d'aller encore plus loin dans leurs exigences.

Car, pour les membres de ce "think tank", la RE2020 ne sera qu'une étape de plus, et pas un aboutissement, dans ce long parcours des réglementations thermiques puis environnementales du bâtiment. Leur ambition : imaginer l'après et se projeter vers des ambitions toujours plus fortes en proposant des pistes à la filière. Ils imaginent un label qui, à la façon du Bâtiment Basse Consommation (BBC) avait anticipé la RT2012 et s'était effacé en devenant la norme, pourrait constituer le futur de la réglementation dans les années qui viennent. Selon les experts, ce label pourrait comporter deux niveaux : un premier d'accompagnement à la RE2020 pour "prendre en compte des éléments jugés pertinents mais pas encore assez mûrs pour être rendus obligatoires dès la RE2020". Porté par l'État, ce premier niveau se devrait d'être accessible à de nombreux volontaires, par le biais d'incitations financières ou de prescriptions territoriales.

Un premier référentiel dans 3 à 6 mois

Un second niveau dit "d'anticipation" viendrait le compléter avec des expérimentations d'approches nouvelles. Le groupe RBR-T l'imagine esquissé avec la forte implication d'associations et d'organismes certificateurs. Six axes clés ont été identifiés pour améliorer encore les pratiques de la construction. D'abord une vision intégrée des enjeux pour les bâtiments en atteignant simultanément de nombreux objectifs différents (et parfois contradictoires) qu'il s'agisse de neutralité carbone et d'énergie, d'économie circulaire, de bien-être et de santé, de rapport aux écosystèmes naturels et à la biodiversité ou à l'évolutivité des constructions. Les experts souhaitent également que le label soit capable de couvrir le neuf comme la rénovation, avec un référentiel commun s'appuyant sur les travaux déjà réalisés par l'Alliance HQE, BBCA et Effinergie. Autre piste, celle d'une meilleure prise en compte des territoires, plutôt que de considérer l'édifice comme isolé de son ancrage. Il sera ici question d'économie circulaire, de production locale d'énergie et de séquestration carbone.

Le groupe RBR-T propose ensuite que le label repose moins sur le calcul et davantage sur les mesures réelles. Les méthodes de calcul et de simulation conduiraient à des doutes et des incertitudes parfois importants sur les performances atteintes effectivement. Le label reposerait ainsi, de préférence, sur des données fiables. Autre évolution, liée à l'hybridation des espaces et des usages (par opposition aux bâtiments monofonctionnels), il deviendra nécessaire d'intégrer la notion d'usage qui fera émerger des métriques hybrides intégrant les mutualisations de surfaces (toitures, parkings, salles de réunion). Enfin, il sera question de mobilisation de tous les acteurs en dépassant les approches techniques et en valorisant des modes de gouvernance de projets aptes à incorporer le comportement et les coopérations.

Pour la suite de l'élaboration de ce label, le Plan Bâtiment Durable estime qu'une période de trois à six mois sera nécessaire avant de pouvoir proposer un premier référentiel, à l'image de ce qui avait été fait entre le label BBCA et l'expérimentation E+C-. Puis des études seront lancées, afin que le contenu s'étoffe au cours des trois prochaines années. La RE202 ne sera donc bien qu'un début.

G.N.

Grégoire Noble
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire