Le secteur du BTP prend des engagements sur l'emploi auprès du gouvernement

Grégoire Noble
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Tout le monde du BTP était réuni pour signer des chartes d’engagement face à quatre ministres : Bruno Le Maire (Économie), Elisabeth Borne (Emploi), Emmanuelle Wargon (Logement) et Alain Griset (PME). Le but des fédérations : assurer les pouvoirs publics qu’elles feront tout pour créer des emplois, recruter dans les quartiers prioritaires, favoriser l’apprentissage et accompagner les salariés en formation, le tout en contrepartie des mesures du plan France Relance.

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Quatre contre quatre. La partie était équilibrée ce mardi 5 janvier 2021 à Bercy, avec quatre ministres d’un côté (Bruno Le Maire, Elisabeth Borne, Emmanuelle Wargon et Alain Griset) face à quatre président(e)s de fédérations : Olivier Salleron (Fédération française du Bâtiment), Jean-Christophe Repon (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment), Bruno Cavagné (Fédération nationale des Travaux publics) et Françoise Despret (Artisans des travaux publics et du paysage). Mais tous ont loué l’effort collectif et la solidarité, au moment de signer des chartes d’engagement pour l’emploi et la formation en réponse au plan France Relance, qui apporte près de 10 Mrds € en soutien à l’activité du secteur du BTP.

La jouer collectif

Le ministre de l’Economie et des Finances explique : « Les entreprises du bâtiment sont le symbole de la relance économique, qui est la priorité absolue pour 2021. Cette relance fonctionne, elle donne des résultats dans beaucoup de secteurs, que ce soit par la relocalisation industrielle, la digitalisation, la formation ou l’emploi des jeunes et la rénovation énergétique… Nous voulons accélérer dans les mois qui viennent de façon à avoir la croissance la plus forte possible, supérieure à celles des 50 dernières années ». Bruno Le Maire a salué la performance du secteur de la construction en 2020 qui, malgré une baisse de son chiffre d’affaires, a réussi à maintenir l’emploi salarié tout en embauchant +12 % d’apprentis en plus. « C’est un exploit ! », a déclaré le ministre qui a assuré que les mesures de protection des entreprises en difficulté seraient maintenues aussi longtemps que nécessaire par l’Etat. « La seule bonne méthode en période de crise est la solidarité, la coordination entre les ministères et les fédérations d’entreprises. Il n’y a pas d’issue dans une attitude individualiste ». Il a rappelé que les demandes de simplification avaient été accordées, notamment pour les appels d’offres des marchés publics où le seuil a été relevé à 100 000 € au mois d’octobre.

Elisabeth Borne, ministre de l’Emploi, a pour sa part évoqué des engagements très symboliques de la part des professionnels d’un secteur économiquement importante pour le pays. « De très nombreux recrutements sont attendus dans les prochaines années, 2021 et 2022 », a-t-elle souligné, précisant que son ministère et Pôle Emploi allaient accompagner les demandeurs d’emploi vers les métiers du bâtiment en doublant le nombre de formations liées à la rénovation énergétique. Côté apprentissage, 44 000 jeunes ont signé de tels contrats en 2020, y compris dans le bâtiment, démentant ainsi toute désaffection de ces filières. « La prime d’embauche sera prolongée jusqu’à la fin du mois de mars » a mentionné la ministre qui semble même vouloir aller encore au-delà si possible. Emmanuelle Wargon, ministre du Logement, a rebondi sur la rénovation thermique : « L’Etat a pleinement joué son rôle avec 1,3 Mrd € de crédits supplémentaires pour la rénovation des bâtiments des collectivités. MaPrimeRénov’ accélère avec +25 % au dernier trimestre, et 190 000 dossiers déposés en 2020, ce qui est dans la fourchette haute des estimations de début d’année ». Concernant le neuf, là aussi l’exécutif joue le maintien des dispositifs fiscaux existants et encourage les « maires bâtisseurs ». Elle a rappelé qu’elle avait signé au mois de novembre un Pacte national pour la relance de la construction durable avec différents aménageurs (USH, FPI, Pôle Habitat de la FFB, CNOA et UNAM) et que les premiers effets se faisaient déjà sentir.

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La rénovation énergétique comme moteur de l'activité

De leur côté, les président(e)s de fédérations professionnelles ont affiché une grande satisfaction à travailler main dans la main avec le gouvernement. Olivier Salleron (FFB) a déclaré : « Notre chiffre d’affaires a baissé de 15 % mais l’emploi salarié a été maintenu et nous avons maintenant des perspectives pour 2021. Les entrepreneurs y croient et la rénovation est en forte accélération. Nous espérons maintenant encore un peu plus pour la construction neuve. Nous avons besoins de bras et d’intelligence de haut-niveau ». Son homologue de la Capeb, Jean-Christophe Repon, a renchéri : « Les petites entreprises ont vu leur chiffre d’affaires reculer de 27 %, mais elles ont maintenu l’emploi, c’est une réelle satisfaction. Pour 2021, les travaux seront axés sur la rénovation énergétique ce qui permettra de créer des emplois sur l’ensemble du territoire ». Restent de nombreux dossiers sur la table, dont celui de la prochaine Réglementation Environnementale des bâtiments (RE2020) dont le calendrier (entrée en vigueur à l’été) et les exigences en termes de réduction de l’empreinte carbone ne satisfont pas à un grand nombre d’acteurs du bâtiment. Emmanuelle Wargon répond : « Nous sommes en pleine concertation, il y a beaucoup de discussions ». Elle concède que des ajustements seront peut-être nécessaires sur le contenu et les délais, mais qu’il y a urgence à lutter contre les émissions de CO2 pour tenir les engagements de l’accord de Paris.

Le gouvernement prévoit que les signataires et les cabinets ministériels se reverront à la fin du mois de mars 2021 pour adapter et éventuellement compléter les indicateurs et poursuivre le travail engagé sur la question de la formation et des compétences professionnelles.

Les engagements des fédérations

  • Consolider l’emploi existant en solde net et maintenir une dynamique de création de postes au cours des deux prochaines années (dont 50 000 dans les travaux publics) ;
  • Maintenir les effectifs d’apprentis en 2021 au niveau de ceux de 2020 (qui étaient supérieurs de 5 % à ceux de 2019) ;
  • Augmenter de 50 % le nombre d’apprentis dans les travaux publics ;
  • Reconduire l’opération « 15 000 bâtisseurs » menée par la FFB dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville ;
  • Promouvoir la mixité dans le secteur de l’artisanat et encourager l’entreprenariat au féminin ;
  • Quantifier l’empreinte des travaux publics et présenter un plan d’investissement dans les infrastructures.
Grégoire Noble
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