L’artisane qui peint les couleurs de nos sentiments ! Interview passionnée de Dorothée Beauchet
Quand mon regard s’est arrêté sur les posts de Dorothée Beauchet sur les réseaux sociaux, j’ai tout de suite eu envie de faire son interview. Je ne le regrette pas. Dans les réponses à mes questions, on sent sa passion pour son métier depuis sa plus tendre jeunesse.
Voici le portrait plein de peps d’une peintre passionnée qui a « 20 ans et 22 ans d’expérience ! »
Dorothée est candidate aux premiers trophées des femmes du bâtiment : « Les Talentueuses » organisé par Semin. Lire l'interview de Caroline Semin à ce sujet : Une talentueuse parmi les talentueuses du bâtiment
Quand l'enfance ressurgit
Bonjour Dorothée, ton entreprise s’appelle « Passion Peinture ». Quand a commencé ta passion pour la peinture ?
« Ma passion pour la peinture a commencé quand j’étais toute petite. D’abord avec des crayons de couleur, puis des feutres, et enfin des pinceaux. J'ai adoré mes cours d'arts plastiques.
Mon fils Enzo est allé dans le même collège que moi et il a vu que l’une de mes toiles était encore affichée. Il était extrêmement fier de me le dire. »
Quel était le thème de ce dessin ?
« Le thème était de rendre lugubre un endroit paradisiaque. J’ai représenté une île peinte en noir avec une superposition de cartons pour reproduire un effet 3D. »
Entre Disney et Michel-Ange !
Qu’est-ce que tu préfères faire quand tu es sur un chantier ? Peindre ? Poser du papier peint ? Faire une fresque ? Préparer ton projet et le présenter à tes clients ? Choisir les couleurs ?
« En fait, la mise en peinture reste la touche finale d'un travail plus ou moins difficile de la préparation des supports. Je dirais même que c'est la reconnaissance du travail effectué, l'un ne va pas sans l’autre. J'aime beaucoup ce que je fais du début à la fin du chantier. J’avoue que j'éprouve moins de plaisirs à poser de la tapisserie.
Ce que j’aime par-dessus tout, c’est faire les fresques dans les chambres d’enfants. Puis, voir leurs yeux émerveillés quand il découvre mon travail. Par exemple, j’ai représenté le château de la Belle au Bois Dormant à Disneyland Paris pour une petite fille de 4 ans ».
Un effet wow garanti, bravo Dorothée. Disney, c’est une valeur sûre et je sais de quoi je parle (rires)
« Oui, surtout qu’elle n’avait absolument rien vu pendant la réalisation de la fresque. D’ailleurs, pour la préparation des projets, je préfère que mes clients ne voient pas l’évolution des travaux. C’est vrai, ils éprouvent un peu d’inquiétude comme ça, mais ils sont soulagés et ravis en voyant le résultat final. »
C’est légitime ce que tu ressens. Le plus grand peintre de fresques de tous les temps, Michel-Ange, était comme toi. Il ne supportait pas qu’on vienne voir son travail avant qu’il soit fini. C’était même interdit. Il allait même jusqu’à brûler ses dessins préparatoires. C’est l’impression finale qui comptait. Et là, il se mettait dans un coin pour espionner les réactions des gens.
Du rose poudré pour tous (et du gris souris aussi)
Peux-tu nous parler du chantier dont tu es le plus fier ?
« Un appartement sur Arras. Le client, David, m’a confié l'intégralité du chantier suite à des péripéties malheureuses avec un autre artisan. Non seulement j’ai refait la penture et les enduits, mais en plus il m’a demandé d’organiser le reste des travaux comme la plomberie, la pose des sanitaires, du parquet. J’ai dû monter une équipe le vendredi soir pour que tous les artisans soient sur le chantier le lundi matin. »
Quelles sont les couleurs à la mode ? Ou tes couleurs préférées ? Ou plutôt, quels sont les couples de couleurs que tu trouves plus harmonieux ?
« Mes couleurs préférées sont le gris souris et le rose poudré. Mais j’apprécie aussi le noir et le blanc avec des nuances de gris. Peu importe la nuance, le gris se marie quasiment avec toutes les autres teintes. »
Lors de mes rencontres à Batimat, je me suis rendu compte que la couleur préférée des artisans et entrepreneurs du bâtiment était le rose ! Comme quoi, ce n’est as un milieu si machiste qu’on peut le lire à droite et à gauche.
Je fais naître un sentiment avec les couleurs
Dans ta présentation sur les réseaux sociaux, j’ai remarqué cette phrase : « Je suis LA femme qui redonne un coup de peps à tous vos intérieurs et extérieurs. »
Qu’est-ce qui fait ta différence ? Ta sensibilité aux couleurs ? Le fait d’être une femme ? Autre ?
« C’est ma sensibilité aux couleurs.
Quand tu regardes un tableau, tu ressens quelque chose. Cela peut-être de la colère, de la joie, du désir, etc. En ce moment, sur mon chantier, le client m'a dit qu'il aimerait ressentir de la douceur, ça, je sais le faire. Je fais naître un sentiment avec les couleurs. »
Nicolas Paul, Stéphane Aria et Alina Roman
Avec Bricoman, on a décidé de mettre en avant les femmes qui comme toi travaillent dans le bâtiment. Notre but est avant tout de faire naître des vocations ou d’aider d’autres femmes à franchir le pas.
Quel serait justement ton message d’encouragement ?
« Mon message serait de leur dire : si vous en avez envie, alors foncez, faites-vous plaisir !
Humainement, c'est très enrichissant et physiquement, ça vous évite la salle de sports (rires).
Les métiers du bâtiment sont loin d'être fermés aux femmes. Personnellement, je ne l’ai jamais ressenti comme ça. »
Alors, tu dois rencontrer souvent des artisanes sur les chantiers ? Et pourrais-tu me citer l'une d’entre elles qui mériterait qu’on parle d’elle dans un article ?
« Non ! Très peu d’artisanes, mais plutôt des maîtres d’œuvre ou des architectes comme Alina Roman. »
Tu suis plusieurs artisans connectés (dit aussi influenceurs) sur les réseaux sociaux. Quels sont ceux que tu préfères ?
« Hier matin justement, j’ai vu Nicolas Paul au BNI de Douai. J’aime bien Nicolas et Stéphane Aria aussi.
J’apprécie qu’ils soient accessibles, abordables, naturels, qu’ils donnent volontiers des conseils. C’est leur simplicité qui fait la différence. »
Je me sens bien sur un chantier
Est-ce que c’est facile pour une femme de travailler dans le secteur du bâtiment ?
« Oui, c’est facile. Surtout, si on a grandi avec les articles 21 et 22 ! »
Me voilà perplexe (je fronce les sourcils). Peux-tu m’expliquer Dorothée ? (Elle rigole)
« C’est une expression de « par chez nous », qu’on utilise beaucoup dans le nord, ça veut dire : débrouille-toi d’un brun, débrouille-toi comme tu peux ! » À lire impérativement avec l’accent ch’ti. (Je rigole)
Quelles difficultés rencontres-tu en tant que femme du bâtiment sur les chantiers ?
« Les difficultés sont liées au poids de certains outils. En fin de journée, on a l’impression qu’il a quadruplé ! Un détail pratique qui n’est pas anodin, c’est l'absence de w.c. !
Mais, franchement, je ne ressens aucune réticence de la part des autres intervenants sur un chantier. Au contraire, j’entends assez souvent dire : « ah une femme, c'est rare, mais c'est plus minutieux. »
Comme je l’avais déjà demandé à Julie Micaud dans son interview, est-ce que tu trouves mes questions trop masculines ?
« Non, pas du tout. La seule fois où je me suis senti mal à l’aise par rapport à ma place dans le bâtiment, ce n’était pas sur un chantier, mais lors d’une réunion avec des femmes artisanes et conjointes d’artisans à la CAPEB ! Je n’ai pas aimé du tout le discours trop féministe de certaines intervenantes. C’était du genre « On est mieux que les hommes. » On est tous des êtres humains avec nos différences, nos talents et nos richesses, sans devoir introduire des arguments de supériorité de l’un par rapport à l’autre. »
Des peintures saines et innovantes
Tu étais à Batimat le 3 octobre dernier. Cette édition du salon professionnel du bâtiment met l’accent sur les solutions durables pour la rénovation et la construction. Qu’est-ce que tu proposes à tes clients pour avoir une maison saine et qui respecte l’environnement ?
« D’ailleurs, j’ai rencontré Ludovic Szczepaniak à Batimat que tu as récemment interviewé, il est très sympa. »
Justement, il sera content de lire cette interview et tes propos sur l’importance de la préparation des supports. C’est son dada.
« Sinon, j’aime bien utiliser les produits TOLLENS. Ils ont de belles gammes avec des peintures saines, sans solvant, respectueuses de l’environnement. Un autre détail important, c’est la réactivité de mon commercial chez TOLLENS. Par exemple, il me propose toujours les produits adaptés à mon chantier. »
Je te conseille une autre interview, celle de Jean-Damien Ponte de Tollens : " Des couleurs made in France et durables "
« J’ai aussi un coup de cœur pour le papier peint liquide de la marque Silk Plaster. Non seulement ce sont des produits durables, non toxiques, qui ne retiennent pas la poussière, mais en plus, ils ont des propriétés d’isolation acoustique. »
C’est important ce que tu dis Dorothée. Le bon artisan écoute et conseille. Personnellement, je suis allergique aux solvants, à la poussière et au pollen. Pour le pollen, tu ne peux rien faire pour moi. Je demanderai à un jardinier. Mais pour les solvants et la poussière, il existe des solutions avec des peintures naturelles.
La vie est belle
Si tu étais un outil du bâtiment qui exprime bien ton métier, ta personnalité ou ta démarche, tu serais … ?
« Je serais un poste de radio ! J’aime bien travailler en musique et dans la bonne humeur. »
Tu as raison, une bonne ambiance permet de mieux travailler. Bricoman devrait donc vendre aussi des postes de radio ou des enceintes MP3 dans leurs rayons. On va leur suggérer ! Et ce matin, quand tu as allumé ta radio, tu as écouté quelles chansons ?
« "Victoire" de Shy’m et "La vie est belle" de Saria. J’ai aussi une playlist avec les chansons de Zaz. »
Oui, la vie est belle Dorothée quand on y met de belles couleurs. Mais revenons à nos moutons, je te repose la question : si tu étais un outil du peintre, tu serais ?
« Comme outil du peintre, j’adore les spatules ParfaitLiss’ de l’Outil Parfait. C’est un outil qui fonctionne tellement bien que tous les peintres en ont ! »
Persévérance
Enfin, si tu étais le mot de la fin de cette interview, tu serais… ?
« Persévérance ! »
Pourquoi ?
« Quand tu es passionnée comme moi par ce que tu fais, le moindre caillou sur ta route, ce n’est pas grave, c’est purement aléatoire, ça ne t’arrête pas du tout, tu passes au-dessus et tu continues ! »