Miracle en Provence : le solaire marche sur l’eau !

Grégoire Noble
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[Zepros Energie] À Peyrolles-en-Provence (Bouches-du-Rhône) les armoiries de la commune représentent une tour d’argent sur fond d’azur, posée sur des ondes. Peut-être, au 21
e siècle, faudrait-il les actualiser en ajoutant des capteurs solaires sur ces ondulations rappelant le plan d’eau des Chapeliers. En effet, Boralex va y mettre en service la première centrale photovoltaïque flottante du département. Découverte de ce chantier aux contraintes multiples et aux enjeux primordiaux pour la transition énergétique.


La technologie du photovoltaïque flottant représente de multiples avantages : la surface parfaitement plane des lacs et retenues d’eau permet d’orienter parfaitement les capteurs solaires qui ne sont gênés par aucune ombre. La fraîcheur de l’eau en sous-face permet d’abaisser la température des panneaux et d’améliorer leur rendement. Et surtout, il n’y a aucun conflit d’usage des sols avec l’agriculture ou d’autres activités, avec très peu de nuisances visuelles. Sur ce point justement, la centrale de Peyrolles-en-Provence se veut exemplaire : les panneaux solaires et les flotteurs ont tous adopté une teinte bleutée de façon à se fondre dans leur environnement naturel, celui du plan d’eau des Chapeliers.

Le projet, développé par la municipalité et par un carrier pour reconvertir une gravière en eau arrivée en fin d’exploitation, arrive aujourd’hui dans sa ligne droite finale, avec la mise en place ce 2 novembre 2021 du dernier îlot venant constituer l’île… flottante. Alexis Glandières, responsable construction pour Boralex, le futur exploitant, expose : « C’est une première à la fois pour nous et dans le département des Bouches-du-Rhône. La centrale s’étend sur 12,6 hectares au milieu d’un lac qui en fait plus de 40. Ce dernier est alimenté par la Durance par capillarité mais la zone peut connaître de fortes différences de marnage ». Les capteurs solaires, ancrés au fond sur tout le pourtour de la structure par 600 plots en béton immergés, devaient donc pouvoir suivre les variations de niveau du plan d’eau, pouvant aller jusqu’à 4 mètres entre le point bas et le point haut.

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Le responsable poursuit : « Le montage d’un parc flottant est en grande partie réalisé au sol. À Peyrolles nous avons assemblé les panneaux à la manière d’un puzzle pour constituer l’ensemble mono-îlot d’un seul tenant, constitué de 65 sous-ensembles, assemblés sur berge puis glissés à la surface les uns après les autres ». Mobilisant entre 35 et 40 personnes, avec des pics à 50 pendant l’été, le chantier a trouvé un rythme de croisière à un sous-ensemble terminé par jour, permettant un assemblage total entre les mois de juin et d’octobre 2021. Auparavant, des travaux de génie civil et d’aménagement des berges pour accueillir l’unité de production des corps morts en béton, la rampe de mise à l’eau et les points d’arrivée des câbles électriques, avaient été réalisés en mai. « Une grosse phase d’ingénierie avait été débutée en décembre 2020, pour calculer les efforts qui s’appliqueraient sur chaque ligne d’ancrage de la centrale selon les vents, les courants et les phénomènes de crues », détaille Alexis Glandières. Si tout se passe bien, tout sera prêt en décembre pour la réalisation de premiers tests de mise sous tension de la centrale avant une mise en exploitation en janvier 2022.

Côté technique, la solution adoptée est légèrement différente de celle connue de Ciel & Terre. Ici, les panneaux solaires reposent sur une structure en aluminium qui est maintenue au-dessus de la surface des flots par un ensemble de flotteurs cubiques en PVC de 50 centimètres de côté. Le plus de 70 km de câbles remontent ensuite le long des sous-ensembles pour parvenir jusqu’à un point unique de la berge, au nord, où une liaison souple absorbe les déplacements (latéraux et verticaux) de tout l’îlot. Trois postes onduleurs transmettent ensuite le courant produit par les 43 776 panneaux vers le poste de livraison Enedis. La production attendue, sous le beau ciel azuréen régulièrement balayé par le mistral, s’élèvera à 22 GWh/an permettant de couvrir la consommation de 6 400 foyers environ… soit cinq fois plus que la population de la commune et à peu près la moitié de la population du bassin Val de Durance. Cette première centrale flottante devrait logiquement en appeler d’autres pour Boralex qui a acquis, sur ce chantier, de nombreuses compétences techniques. La société, qui exploite déjà une ferme photovoltaïque classique – au sol – à quelques dizaines de kilomètres de là aux Mées (Alpes-de-Haute-Provence), entend notamment mutualiser les opérations de maintenance.

G.N.

Fiche technique

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Projet : centrale solaire flottante de Peyrolles-en-Provence (13)

Entreprises : Boralex (exploitant), Omexom (entreprise générale), Vinci Construction Maritime & Fluvial

Equipements : 43 776 panneaux développant une puissance de 14,7 MWc

Superficie : 12,6 hectares sur un lac de 42 hectares

Production : 22 GWh/an soit la consommation de 25 000 personnes (hors chauffage)

Calendrier : études environnementale et technique en 2016-2018, permis de construire en 2019, chantier entre mai et novembre 2021, entrée en service janvier 2022

Grégoire Noble
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