Image
Pavé tok

Lhyfe, source d’hydrogène vert

Grégoire Noble
Image
Partager sur

[Zepros Energie] La révolution hydrogène est en marche. Mais encore faut-il que ce vecteur énergétique soit produit sans émettre des gaz à effet de serre, comme c’est encore le cas aujourd’hui... La startup Lhyfe a mis au point un procédé industriel de production du H2 par électrolyse de l’eau, capable de gérer l’intermittence d’une source d’énergie renouvelable. Explications avec Matthieu Guesné, son fondateur.

« J’ai un parcours industriel, avec un passage au CEA, dans un centre de R&D qui travaille sur les énergies marines. D’où l’idée de stockage grâce à l’hydrogène », résume Matthieu Guesné, fondateur de Lhyfe, jeune entreprise française qui se consacre à la production d’hydrogène vert. « Avec des investissements massifs dans le domaine et le décollage des technologies, Lhyfe a été créé en 2017, procédant à une levée de fonds de 8 M€ en 2019. Le but : mettre de l’intelligence dans la production d’hydrogène ».

Car si l’utilisation de H2 n’émet en effet que de la vapeur d’eau, il n’en va pas de même pour la synthèse de dihydrogène : la majorité est aujourd’hui produite par vaporeformage d’hydrocarbures, émettant des tonnes de CO2. « Quant à l’électrolyse, elle utilise l’électricité du réseau, ce qui est peu favorable en dehors de pays comme la France », ajoute Matthieu Guesné. Son concept : produire l’hydrogène « en s’assurant de l’origine des électrons, grâce à un lien direct avec les énergies renouvelables comme l’éolien ou le photovoltaïque ». Le chef d’entreprise y voit un véritable impact positif puisque le procédé industriel non seulement n’émettra pas de carbone mais dégagera même de l’oxygène dans l’atmosphère... « C’est une première de relier un électrolyseur de taille industrielle à une source d’électricité intermittente », assure-t-il. Car d’autres expérimentations ont eu lieu, notamment en Corse avec le projet Myrte, où ce sont des panneaux solaires qui assurent la production d’électricité. Mais l’échelle est toute autre en Vendée où doit s’édifier la première unité de Lhyfe en 2020.

L’éolien terrestre c’est bien, mais l’offshore c’est mieux

« L’usine sera adaptée grâce à des logiciels de pilotage et la présence de tampons », nous dévoile le fondateur. La production pourra atteindre les 300 kg/jour (soit 100 tonnes par an), qui seront expédiés par camion vers des stations de la région pour des usages de mobilité (véhicules légers, camions, bus). Implanté au pied des éoliennes de Bouin (Vendée), le site exploitera l’électricité fournie par deux ou trois mâts appartenant au SyDEV. « Mais l’usine est évolutive et potentiellement réplicable ailleurs sur le territoire », soutient Matthieu Guesné. Il renchérit : « C’est une première étape nécessaire. Mais dans 5 ou 10 ans, tout ne viendra pas de l’éolien terrestre. Nous pensons à l’éolien offshore pour 2024 ou 2025 ». Les vents sont en effet plus constants et plus soutenus au large. Un électrolyseur, implanté en mer à proximité de la sous-station électrique, permettra de produire localement l’hydrogène à partir de l’eau de mer et du vent océanique. Et il sera moins cher de rapatrier le gaz par un tube sous-marin que de raccorder les turbines à la terre au moyen d’un très coûteux câble. Quant aux autres implantations, elles pourront tirer parti de tout le foisonnement des renouvelables existantes : barrages hydroélectriques, centrales photovoltaïques, géothermie de haute-énergie, biomasse... L’idée sera de valoriser l’électricité en circuits courts pour l’utiliser ultérieurement comme vecteur de mobilité.

Certaine de sa solution, la jeune pousse vendéenne envisage de doubler ses effectifs en 2020 pour arriver à une trentaine de personnes. L’avenir sourira-t-il à ces précurseurs de l’hydrogène vert ?

G.N.

Grégoire Noble
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire