Surcoût, évolution des pratiques et manques : les constructeurs évaluent E+C-

Grégoire Noble

[Zepros Bâti] La prochaine RE2020 entre en phase de simulation. L’expérimentation E+C-, qui a défriché le terrain, doit permettre de mieux éclairer les choix des indicateurs et niveaux de performance fixés. Le Cercle Promodul a publié une enquête menée auprès des promoteurs et constructeurs sur les changements apportés par cette nouvelle façon de concevoir des bâtiments, qu’il s’agisse d’évolution des pratiques ou des freins constatés.

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Diminution de l’empreinte carbone, incorporation de productions d’énergie renouvelable, amélioration de l’isolation... les points d’évolution sont nombreux entre l’actuelle RT2012 et la prochaine RE2020. L’expérimentation E+C- a permis aux professionnels du secteur de la construction de mieux appréhender ces aspects pour anticiper ce changement de paradigme. Une enquête menée par le Cercle Promodul révèle la perception qu’en ont les promoteurs et constructeurs de maisons individuelles, logements collectifs et immeubles tertiaires français. Un panel représentatif qui s’est dit très intéressé par l’expérimentation, allant jusqu’à la labellisation dans la moitié des cas.

 

La moitié des répondants estiment que le changement majeur sera l’introduction du volet Carbone, faisant évoluer les projets de manière significative. Pour eux, la « nature de la structure » c’est-à-dire ses matériaux de constitution (béton, brique, bois), sera l’élément principal de cette empreinte. « Sur les équipements, les avis sont un peu moins tranchés », annonce Promodul. Selon les sondés, les solutions idéales consisteraient à se tourner vers les réseaux de chaleur (57 %), la production d’eau chaude sanitaire solaire ou les chaudières collectives (29 %) et les pompes à chaleur ou le photovoltaïque (14 %). Sur le volet Énergie justement, ils sont nombreux (64 %) à le considérer comme facteur d’évolution par rapport à la RT2012. Car le but est d’atteindre des niveaux de production élevés pour atteindre les seuils E3 et E4, rendant le solaire obligatoire dans 78 % des cas. Les surfaces moyennes des panneaux sont inférieures à 10 m2 dans l’individuel (56 % des cas), comprises entre 50 et 200 m2 dans le collectif (44 %) et supérieures à 200 m2 dans le tertiaire (44 %).

Confort d’été et qualité de l’air intérieur à intégrer dans la RE2020 ?


Interrogés sur les surcoûts engendrés, ils sont largement majoritaires à les constater (71 %) face à un petit nombre à ne pas les avoir vus (14 %). L’étape de l’étude thermique notamment serait plus onéreuse à réaliser, 60 % des répondants considérant la différence comme non négligeable. Un tiers l’évaluent à +20 % par rapport à une étude thermique pour la RT2012... Sur les modes constructifs, si le renchérissement est faible pour atteindre les niveaux E1 ou E2, il grimpe ensuite pour les niveaux E3 et E4 : quatre répondants sur dix l’évaluent entre +5 et +10 % et deux répondants sur dix entre +11 et +20 %. Quant à l’impact carbone, il est chiffré entre +5 et +20 % par six sondés sur dix. Mais trois autres l’estiment à davantage que +20 %... Côté confort, les acteurs de la construction jugent qu’il n’a pas du tout évolué par rapport aux construction RT2012 : seuls 7 % considèrent qu’il a été optimisé.
En comparant les critères des labels volontaires type HQE, BREEAM ou LEED au référentiel d’E+C-, le secteur de la construction note certaines absences, comme la prise en compte de la santé (79 %), de la gestion de l’eau (50 %), du confort (36 %) ou de l’impact environnemental en phase construction puis exploitation (29 %). S’il fallait le faire évoluer, les professionnels suggèrent d’intégrer un indicateur de qualité de l’air intérieur (50 %) et un de confort d’été (21 %). Des suggestions qui pourraient encore trouver leur place dans la future RE2020, entrée en phase de simulation et dont les textes seront publiés à l’automne.
G.N.
Grégoire Noble
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