L’activité tient bon dans le bâtiment, mais cela peut-il durer ?

Grégoire Noble
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FFB Olivier Salleron

Olivier Salleron, président de la FFB, est partagé entre optimisme et inquiétude : si dans l’immédiat l’activité du bâtiment se maintient malgré les difficultés, les perspectives pour la fin de l’année et surtout pour 2023, sont moins prometteuses. Le secteur attend la tenue d’Assises du BTP avec les ministres concernés afin de trouver des solutions à l’envolée des prix, à l’effondrement du marché du neuf ou à la baisse des aides à la rénovation.

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Le président de la Fédération française du bâtiment (FFB) fait un constat rassurant : « L’activité immédiate tient malgré les difficultés d’approvisionnement et les problèmes de recrutement. C’est une bonne nouvelle. Les carnets de commandes se maintiennent à un niveau élevé – supérieur à 7 mois d’activité – pour l’ensemble des entreprises. Et ces dernières résistent aussi au début du remboursement du PGE ». Cette situation a donc bénéficié à l’emploi avec des chiffres qui continuent de croître : +8 200 postes depuis le début de l’année et +86 600 ETP créés en 2 ans ! Olivier Salleron se permet même d’ajouter : « Nous pourrions faire encore mieux. Les perspectives d’embauches se tassent mais elles restent positives ». En 2022, le secteur du BTP français emploie donc 1,76 million d’actifs, dont 1,245 million de salariés, 403 000 indépendants et 108 000 intérimaires, ce qui en fait un poids lourd de l’économie nationale.

Mais les bonnes nouvelles s’arrêtent là : « Avec la poursuite de l’envolée des prix, des énergies et des matériaux comme l’acier et le bois, c’est une courbe à un niveau historique qui ne fléchit pas », souligne le responsable fédéral. « L’indice de synthèse BT01 a déjà augmenté de +3 % en 2022, après avoir connu une hausse de +5 % en 2021 », poursuit-il. Les entreprises voient donc leurs marges se dégrader au fur et à mesure des mois. Si le secteur de l’amélioration-entretien fait mieux que résister (+1,4 % au 1er trimestre de l’année) en bénéficiant des effets du dispositif MaPrimeRénov’, il soufre en parallèle d’un marché des Certificats d’économies d’énergie dégradé, avec des prix en baisse. « Le non résidentiel neuf peine encore et n’a toujours pas retrouvé son niveau de 2018-2019 », note Olivier Salleron qui s’inquiète en fait surtout pour la construction de maisons. « Le logement neuf craque, avec une inquiétude renforcée sur la fin de l’année. Il y a un repli généralisé des ventes, -25 % sur les maisons et -9 % dans le collectif. Les autorisations et les mises en chantier suivront cette tendance dans les prochains mois ».
 

Des Assises du BTP attendues de pied ferme

Pour autant, selon le président de la FFB, « il n’est pas trop tard pour redresser la barre ». Il attend beaucoup de la tenue d’Assises du BTP au cours du mois de juillet avec différents ministres, dont celui de l’économie Bruno Le Maire. Il sera question de partage des coûts et d’indexation des prix des marchés, d’accompagnement de la trésorerie des entreprises (remboursement du PGE, avances sur marché). Une réflexion sera également menée sur les contraintes réglementaires susceptibles d’entraîner des surcoûts non compensés (RE2020, filière REP, Zéro artificialisation) ainsi que sur les niveaux d’aides (MaPrimeRénov’, PTZ, Pinel…). La fédération demande en outre un mécanisme d’amortissement généralisé en faveur du locatif privé, des simplifications pour relancer la construction neuve au niveau des permis (dématérialisés, déclaratifs, pré-instruits). Elle suggère enfin le lancement d’une étude sur l’impact de la transition écologique et digitale sur l’emploi, la formation, le marché et l’organisation des entreprises dans un futur lointain.

Grégoire Noble
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