
Conjoncture : la FFB veut croire à une éclaircie pour la construction

La Fédération française du bâtiment (FFB) estime que la situation, qui était orageuse en 2024 pourrait céder sa place à une accalmie en 2025, grâce à l’entrée en vigueur de mesures de relance, comme le retour du PTZ partout et pour tous, ou la préservation du budget de MaPrimeRénov’. Avant l’embellie en 2026 ?
Le ton d’Olivier Salleron, président de la FFB, a changé. Même si les chiffres restent très bas et la conjoncture défavorable, il estime qu’il existe maintenant un espace clair au milieu des nuages qui s’étaient amoncelés en 2024. « Il y a eu du travail de la part de la filière et de tous ses partenaires de l’Alliance du Logement », se félicite-t-il, soulignant au passage la pugnacité de l’ensemble du secteur. Le bâtiment aurait, selon lui, touché le fond et le gouvernement, dont la ministre Valérie Létard, en auraient bien pris conscience. Avec le vote retardé du budget 2025, ont été décidées différentes mesures suggérées par la FFB, dont le retour du Prêt à Taux Zéro pour le neuf, sur tout le territoire (y compris dans les zones détendues) et pour tous (y compris dans l’individuel), « jusqu’à la fin de 2027 », jubile Olivier Salleron, qui espère de la stabilité pour ce dispositif dans le temps. Sur l’exonération des droits de donation/succession pour investir dans le neuf ou lancer des travaux de rénovation, la visibilité est donnée jusqu’à fin 2026. Pour les bailleurs sociaux, la baisse de réduction de loyer de solidarité (RLS) leur octroie finalement 200 M€ supplémentaires bienvenus pour relancer constructions et réhabilitations. Enfin, sur MaPrimeRénov’, la FFB estime que le montant alloué en 2025, équivalent à ce qui avait été consommé en 2024 (soit 2,3 Mrds €), est « un montant acceptable ».
La rénovation restera légèrement positive en 2025 encore
Pour autant, rien n’est encore réglé, vu que le secteur de la construction est à temps long et que les mesures prises fin 2024 ne donneront des effets que des mois plus tard. Dans le logement neuf, le recul s’est ralenti, avec un marché du crédit mieux orienté et les ventes sont même reparties à la hausse. « Les Français réinvestissent dans la pierre », se réjouit le président de la fédération. L’amélioration-entretien, dont la rénovation énergétique, est également en (légère) hausse (+0,6 %) ce qui est un peu moins que prévu à cause du gel de MaPrimeRénov’ pendant 2 mois. L’atterrissage de l’activité globale en 2024 a donc été rude, à -5,5 % par rapport à 2023.
Pour cette année, les prévisions ne sont pas encore positives, puisque l’activité devrait encore un peu se dégrader (-2,6 %) avant de repartir en 2026, si plus rien ne vient perturber la situation. Conséquence de tout cela, l’emploi souffre, avec 30 000 postes de moins en 2024. Olivier Salleron analyse : « En 2025, malheureusement, il y aura encore une perte de 4 % des effectifs, soit 50 000 postes supprimés ». Cela en relation avec des défaillances d’entreprises touchées par des problèmes de trésorerie. Un risque qui touche principalement les TPE/PME (+24 % en 2024) mais qui a également impacté quelques plus gros acteurs de la construction de maisons individuelles.
Accélérer la reprise
Au-delà de la mise en place rapide des aides annoncées (PTZ, MaPrimeRénov’, relance de la production HLM), la Fédération souhaite d’autres mesures pour assurer la reprise de tout le secteur. Notamment la franchise de TVA maintenue à 25 k€ pour les micro-entreprises du bâti, la simplification des démarches administratives, la meilleure maîtrise des à-coups portés aux dispositifs de soutien (pour éviter les effets négatifs constatés autour du photovoltaïque notamment) et l’allègement des contraintes liées à la RE2020 (le seuil 2028 inquiète la FFB qui y voit encore une source de surcoûts), le ZAN ou la REP PMCB. Sur ce dernier sujet, Olivier Salleron lâche ses coups : « C’est une catastrophe industrielle chronique ! Nous payons une taxe depuis près de 2 ans pour à peine une moitié du service. La colère gronde… ». Selon le président la FFB, sur ce sujet, comme sur d’autres, le gouvernement va avoir à arbitrer entre les différents intervenants.
Interrogé par Zepros sur le devenir du statut de conjoint-collaborateur, voué à la disparition fin 2026, la Fédération botte en touche : « Joker ! Nous n’avons pas encore été interpelés sur le sujet, qui est discuté au niveau de l’interprofession, car il concerne aussi le commerce, les chefs d’entreprises… Le sujet n’est pas encore sur la table mais nous recevrons prochainement une invitation à négocier ». À suivre donc.
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