Après la dissolution, la FFB propose dix solutions
Alors qu’une majorité doit encore se constituer pour qu’un gouvernement en émerge, la Fédération française du Bâtiment rappelle le rôle de pilier que tient le logement dans l’économie nationale. Et de réclamer la mise en place rapide de 10 mesures afin de relancer tout le secteur (neuf comme rénovation) avant des dégâts irréparables.
Olivier Salleron (président de la FFB), lors de sa conférence quadrimestrielle, tire encore une fois la sonnette d’alarme : « Aucune mesure depuis 2 ans n’a relancé ni le neuf, ni la rénovation (…) Les mesurettes du gouvernement Attal n’ont rien fait, la sortie de quelques dizaines de milliers de logements – au mieux – là où il en faudrait 400 000 (…) Il y a eu le mea culpa de Bruno Le Maire, il y a quelques jours, qui a avoué que son regret était de ne pas avoir fait assez pour le logement. Mais le bâtiment est bien un secteur qui peut faire consensus. Il faut une union nationale autour du logement décent, abordable, social… ». Le responsable fédéral annonce que, dès la rentrée de septembre, des actions seront menées par l’Alliance pour le logement, qui regroupe 10 organisations, afin de préparer au mieux le projet de loi de Finances 2025 « qui devra absolument traiter du Logement ».
Car les chiffres sont historiquement bas. Les mises en chantier (-21 %) et les permis de construire (-15 %) ont encore régressé, tandis que les promoteurs annoncent que les ventes ont continué de plonger. Résultat : « Entre 250 et 260 000 logements seront mis en chantier en 2024, soit moitié moins que nécessaire. Le déficit de logements se creuse », constate Olivier Salleron, pour qui cette fracture sociale et territoriale, amènerait les votes extrêmes. Du côté du non-résidentiel, la situation n’est pas meilleure, avec un repli certes moins prononcé mais un atterrissage fin 2024 « très bas, à 21 millions de m² construits ». Selon le président de la FFB, seuls deux segments tirent leur épingle du jeu : les bâtiments agricoles et les bâtiments administratifs, ces derniers en lien avec les échéances électorales municipales à venir.
Emploi : 25 000 ETP perdus, 65 000 menacés rapidement, 150 000 l'an prochain ?
Concernant l’amélioration-entretien, « la régression est de presque -50 %, due à la complexité mise dans MaPrimeRénov’ », explique Olivier Salleron. Le nombre de dossiers traité par l’Anah serait même en chute de -85 % depuis le début de l’année ! « Plus personne n’y comprend rien. Pour ne pas dépenser les 3 Mrds € de MaPrimeRénov’ on ne s’y prendrait pas autrement », vitupère le responsable de la FFB.
Un sombre tableau qui amène un décrochage de l’emploi : « 25 000 postes ont déjà été détruits depuis le début de 2024, et cela atteindra 60 000 ETP perdus à la rentrée prochaine. Les intérimaires sont les premiers touchés ». Les défaillances sont nombreuses, avec un retour aux niveaux de 2015-2016, mais la courbe semble stabilisée à ce niveau d’il y a 10 ans. « Les entreprises investissent moins en temps de crise. Elles ne font pas d’extensions, pas de réindustrialisation. Ce n’est pas une bonne nouvelle », poursuit Olivier Salleron.
D’où l’idée de 10 mesures à prendre immédiatement, une fois qu’un ministre du Logement aura été nommé, et ce, quelle que soit son étiquette politique. La FFB milite pour : le rétablissement d’un PTZ universel, le soutien de l’investissement locatif (statut de bailleur privé par exemple), l’adaptation de la ZAN aux territoires, la stabilisation de MaPrimeRénov’ sur le modèle de 2023 mais pour une durée de plusieurs années, une pause dans la RE2020 et ses seuils carbone à venir qui seraient trop contraignants, la limitation de la sous-traitance en cascade, le soutien à l’apprentissage (via des aides), la révision du montant de la franchise de TVA (au niveau européen), le maintien du dialogue social et enfin, la révision de la REP.
Sur ce dernier point, la FFB et la Capeb, se félicitent d’avancées, obtenues ces derniers jours, dont un outil unique quel que soit l’éco-organisme, la dispense d’enregistrement préalable et l’abaissement de la quantité de reprise des déchets triés à partir de 8 m3. La fédération est également soulagée, en ce début d’été, de savoir que désormais les jours de canicule seront pris en charge par le régime des intempéries du BTP (CIBTP France), ce qu’elle considère comme une avancée sociale. Olivier Salleron conclut : « Le bâtiment peut être le ciment d’une politique commune ». Il recommande toutefois de ne pas aller trop loin dans certaines mesures, notamment l’augmentation brutale du SMIC, qui pourrait avoir un impact sur les petites sociétés. Le président, également chef d’entreprise, tempère : « Attendons que l’économie reparte et qu’il y ait de la marge pour la redistribuer ensuite ».