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Jérémy Becam

« Pour attirer de nouveaux candidats, nos entreprises doivent briller »

Pascal Toggenburger
Président
FFIE
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Pascal Toggenburger

Jusqu’alors vice-président, Pascal Toggenburger a été élu président de la FFIE (Fédération Française des Intégrateurs Electriciens) en octobre dernier. Il prend la tête de la fédération comptant près de 7500 adhérents pour un mandat de trois avec comme objectif : la formation des professionnels aux nouvelles évolutions du secteur et le recrutement des plus jeunes vers les métiers de l’électricité.

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Comment se porte la profession d’intégrateur électricien ?
Pascal Toggenburger

« Les intégrateurs électriciens ont été confrontés à de nombreuses problématiques depuis 2020 entre le COVID, les problèmes d’approvisionnement des produits, les hausses tarifaires liées aux fournitures électriques. Depuis février, avec les augmentations des coûts, les professionnels ont un rôle central à jouer dans la gestion de l’énergie. Ils sont au quotidien chez les clients pour leur apporter des solutions de pilotage et de régulation, des services mais aussi des conseils. La profession s’inscrit dans les nouvelles politiques gouvernementales telles que le décret Bacs ou le décret Tertiaire qui incite à une réduction de 30 à 40% des coûts énergétiques à l’horizon 2030-2040. Les intégrateurs électriciens ont un rôle de conseiller à jouer et doivent se former rapidement pour répondre à ces nouvelles demandes. Nous avons besoin de candidats avec des techniciens possédant de nouvelles compétences. La valorisation et la formation de nos entreprises est ainsi un volet important. Car pour attirer de nouveaux candidats, nos entreprises doivent briller »

Les intégrateurs électriciens ont une vision à 360° c’est-à-dire la production, la régulation, le stockage et l’efficience de l’installation électrique tout en intégrant des systèmes connectés pour permettre la gestion de l’installation

Quelles sont ces nouvelles compétences ?

« Les entreprises doivent se configurer sur un nouveau modèle leur permettant d’accompagner leurs clients sur les produits communicants, réalisant des économies d’énergies, de chauffage et gérant l’éclairage. Il ne faut pas oublier non plus les nouveaux usages comme le photovoltaïque, en plein boom ces derniers mois. De nouvelles compétences induisent de nouveaux parcours de formation et de qualification en partenariat avec Qualifelec afin de mettre en selle de nouveaux professionnels. A la base de l’électrotechnique s’ajoutent l’informatique, le photovoltaïque ou encore la mobilité électrique, un nouvel usage à gérer au sein d’un bâtiment. Les intégrateurs électriciens doivent aussi savoir piloter l’ensemble des technologies d’un logement. L’objectif est d’expérimenter des cas d’usage au sein des régions afin d’intégrer davantage de pratique et de retour depuis le terrain. La FFIE publie également de nombreuses documentations techniques et réglementaires. En 2022, la fédération a collaboré avec la branche Silver Eco autour des solutions déjà disponibles sur le marché et un guide technique est paru en juillet dernier. Avec Pro BTP, la FFIE va expérimenter en 2023 dans quelques maisons de retraite des systèmes connectés anti-fugue, détection de chutes et des produits aidant au maintien au domicile. Les professionnels doivent également apprendre à mieux lire une facture énergétique pour pouvoir conseiller sur un choix tarifaire, des périodes de consommation et d’usage. Cela passe par une meilleure utilisation des compteurs Linky et PME-PMI pour pouvoir les associer au pilotage de la maison ou des bâtiments. »

Nous avons besoin de candidats avec des techniciens possédant de nouvelles compétences

Quelles problématiques rencontrent les intégrateurs électriciens ?

« Elles varient selon le domaine d’activité. Le Bâtiment tertiaire se porte bien contrairement au résidentiel collectif qui a connu une baisse de 20% de son activité en raison de l’inflation et du coût des crédits. Le résidentiel individuel ne se porte pas réellement mieux pour les mêmes raisons.  En revanche, la rénovation énergétique continue à prendre de l’ampleur tout comme le marché des IRVE et du photovoltaïque. Nos métiers restent en tension et sont limités par le manque de candidats. Les carnets de commandes devraient être remplis en 2023 malgré l’inégalité de demande entre les activités. Le secteur de l’électricité n’est pas le seul en tension, il doit se démarquer en séduisant de nouveaux candidats avec des campagnes de communication, des entreprises attractives et une activité soutenue. Les jeunes n’ont pas conscience que le métier d’intégrateur électricien a changé et ne correspond plus à l’image qu’ils peuvent en avoir comme nous le constations lors des salons d’orientation ou dans les établissements scolaires. La FFIE travaille en partenariat avec les différents ministères, avec des supports comme l’ONISEP pour la création de fiche métier détaillée. La fédération a créé une rubrique dédiée sur son site internet. Nous souhaitons également féminiser davantage nos métiers qui ne comptent que 10% de femmes actuellement. »

Le rôle de notre fédération est d'inciter nos adhérents à découvrir de nouvelles possibilités en leur facilitant l’accès à la formation, aux nouveaux marchés et aux qualifications

Comment accompagnez-vous vos adhérents face aux hausses tarifaires ?

« Avec l’ensemble de la filière, la FFIE souhaite faire avancer les choses en créant un observatoire de l’augmentation des prix. Nous y travaillons déjà avec Coedis ainsi qu’avec des distributeurs et des fabricants. L’objectif est de mieux éclairer le chef d’entreprise sur l’évolution de son marché en termes d’achat et d’approvisionnements afin de mieux anticiper l’avenir et l’aider dans l’établissement de ses devis mais aussi de mieux répondre à des appels d’offres. Nos métiers ne concernent pas que l’installation mais aussi des services associés comme la maintenance, les diagnostics énergétiques ou encore la possibilité de devenir des conseillers énergétiques. »

L’intégrateur électricien doit-il davantage sortir de son métier de base ?

« C’est peut-être l’un des freins le plus important. Il doit consacrer du temps pour développer de nouveaux services. C’est justement le rôle de notre fédération : inciter nos adhérents à découvrir de nouvelles possibilités en leur facilitant l’accès à la formation, aux nouveaux marchés et aux qualifications. La FFIE souhaite mettre en avant les entreprises ayant réussi ces défis. Les intégrateurs électriciens ont une vision à 360° c’est-à-dire la production, la régulation, le stockage et l’efficience de l’installation électrique tout en intégrant des systèmes connectés pour permettre la gestion de l’installation. »

Jérémy Becam
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