Avec UBETON, le béton n’est plus un déchet ! Interview décarbonée d’Olivier Billa
J’ai rencontré Olivier Billa à Batimat. On le remarquait au milieu de la foule avec son tee-shirt vert. Il a eu une idée formidable : récupérer le béton frais qui n’est pas utilisé dans les bétonnières. Un geste lui aussi très vert et vertueux. C’est certain, il méritait un beau carton vert de la part de Bricoman. Interview décarbonée d’un motard qui a vendu ses motos pour transformer son idée en réalité. Son nom : UBETON !
Olivier, peux-tu te présenter en 3 phrases ?
« Je suis un beau jeune homme de 44 ans qui habite dans le Gers. Rayez les mentions inutiles ! (rires)
Auparavant, j’étais manager d’une agence de transport dans le BTP, j’ai pu y découvrir les déchets de béton qui étaient générés quotidiennement.
Père de deux jeunes adultes dont je suis fier, j’ai envie qu’ils soient eux même fiers de ce que je fais pour améliorer leur avenir climatique. »
UBETON, mode d'emploi
Sur l’une de tes affiches, on peut lire : « Dans ce camion 3m3 (encore des 3 !) de béton vont devenir des déchets, récupérez-les vite à petit prix » puis le lien vers ton application UBETON. Comment ça marche en 3 étapes ?
« Alors avant tout, petite correction, c’est une web-application et pas une application. Il n’y a rien à installer sur les téléphones. Ça se passe le plus simplement possible.
- Il suffit d’indiquer sur le site le besoin de béton et la localisation du chantier.
- Lorsqu’une centrale nous communique un retour correspondant à proximité, une notification est automatiquement envoyée.
- Après paiement, le camion vient livrer dans les 30 min. (Encore un 3)
Bien sûr, il arrive qu’il y ait plus de 3m3 aussi dans les camions. Et même moins d’autres fois encore.
Le béton proposé est moins cher, comme ça, en plus d’augmenter les marges d’un chantier, les artisans peuvent aussi faire un geste pour la planète. »
Sauver du béton !
A qui s’adresse ta web-application ? Aux pros ou aux particuliers ?
« Prioritairement les pros. Ce sont eux qui ont des besoins récurrents et pourront avoir un impact important. Mais, nous ne faisons pas dans la discrimination, tout le monde peut s’inscrire pour contribuer et limiter le gaspillage. »
Donne-moi 3 (3 forcément) autres chiffres sur le béton pour les convaincre de l’utiliser
« Je vais faire dans le synthétique :
- Chaque m3 de béton réutilisé, c’est environ 250Kg eqCO2 qui seront “sauvés”.
- La seule production de ciment, génère 7% des émissions mondiales de CO2.
- Le temps que je réponde à toute cette interview (30 minutes), rien qu’en France, ce sont 156m3 de béton frais qui sont devenus des déchets. »
Un tee-shirt pour le Ministre
Tu as rencontré Jean-Noël Barrot, Ministre Délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, et tu lui a offert un T-shirt UBETON avec cette inscription : "The Place Toupie ». Peux-tu nous raconter cette anecdote ?
« Ubeton est lauréat d’un programme de soutien à l’innovation qui est réalisé par La FrenchTech et soutenu par la BPI (Banque Pour l’Innovation). Dans ce cadre là, j’ai été invité au Ministère de l’Economie fin septembre.
A la fin du meeting, une photo de groupe va être réalisée. Avec des amis entrepreneurs, nous prenons position. Tout le monde prend place, nous voilà au centre pour la photo avec le Ministre Délégué à mes côtés. Il me demande : “Je veux le même !” en désignant le T-shirt.
Je n’étais pas venu les mains vides et un modèle similaire m’attendait dans mon sac (prévoyant le bougre !)
J’aime beaucoup me référer aux grands philosophes contemporains. L’un d’eux a dit un jour : « Oublie que t’as aucune chance, vas-y fonce ».
Alors j’ai foncé. Je suis retourné le voir pour lui en donner un et bien sûr lui en dire plus sur ce que fait Ubeton. Il a voulu poser avec moi et le T-shirt… Banco !
Ce soir-là, c’était effectivement “The Place Toupie” »
Est-ce qu’il t’a aussi invité à la COP27 (3 x 9 !) en Egypte ? D’ailleurs, si tu devais intervenir pendant une minute chrono devant tous les grands ce monde à la COP27, quel serait ton discours ?
« Je n’y ai pas été invité et c’est pas plus mal, je n’y serais pas allé. »
Pourquoi ?
« Parce que pour y aller, c’est bateau ou avion. Autant j’aime le contact humain, autant, si je peux éviter des dépenses CO2 inutiles, je préfère. Et là, une visio pourrait faire l’affaire.
La première COP a eu lieu en 1995 et la situation ne s’est pas vraiment améliorée depuis. Pourtant, de nombreuses personnalités sont intervenues en vain pour leur rappeler l’importance d’agir.
Je pense que je ne perdrais pas de temps à leur faire un discours. Je préfère agir sur le terrain pour avoir plus d’impact. »
Une énigme
Encore des tee-shirts qu’on peut voir sur tes RS : tu es plutôt Born Toupie wild ou Born to be alive ? Et dis-nous pourquoi.
« La musique fait partie de mes premiers jobs et j’y suis encore attaché en étant bénévole depuis plusieurs années au festival Garorock. Alors forcément, pouvoir faire un clin d'œil à cette passion avec un jeu de mot était tentant. »
Je t’interromps juste un instant pour noter qu’on interview encore un rocker après Cédric le 7ème ARTisan et Julien Bonnet, Sons of Métallerie (qui a aussi reçu le Ze Awards de l’artisan le plus numérique).
« J’ai un côté Alive qui sait apprécier toutes les choses de la vie.
Et surtout un côté Wild. Mais je n’ai plus que l’esprit maintenant. J’étais motard, mais j’ai vendu mes motos pour pouvoir développer Ubeton. On a pu voir cet esprit Wild lors du salon Batimat où j’ai un peu été transgressif. Mais quand on entreprend, il faut oser. »
Sur ton dernier tee-shirt, que tu as réalisé spécialement pour cette interview, tu as abandonné le vert, pourquoi ?
« Voilà, c’est ça l’esprit wild, c’est prendre le contre-pied. Tu m’attendais avec un tee-shirt vert et je t’ai fait une surprise, il est blanc. Avec en prime un message énigmatique qui colle bien à cette interview.
Suivez-moi sur LinkedIn, il y aura des tee-shirts (verts cette fois) à gagner pour quelques-uns qui auront la réponse à l’énigme. »
Est-ce que tu as hésité entre te lancer dans le bâtiment et dans la mode ? (rires)
« ”La tendance, c’est le dernier stade avant le ringard” affirmait le regretté Karl Lagerfeld. Je ne sais pas si les T-shirts Ubeton sont tendance ou ringard, dans le doute, je vais rester dans le bâtiment. »
Le Carton Vert
On a décidé de t’attribuer le carton vert de Bricoman pour tes tee-shirts bien sûr qui sont toujours verts et aussi pour ton idée très écolo. On peut dire que ce carton vert te sied à merveille. Qui voudrais-tu remercier ? Tu peux citer, tu l’auras deviné, seulement 3 personnes.
« C’est dur de se limiter à 3 ! N’en citer que 3, c’est forcément en oublier. Toi qui lis cette interview, si tu m’as tendu la main et que tu n’es pas cité ici, sache que je t’en remercie.
Je vais commencer par Olivier Cenille du CCCA-BTP, rencontré par hasard virtuellement sur Clubhouse. Nous avons rapidement fait une visio, lui de Montréal et moi depuis la France. Emballés, tout comme Franck Le Nuellec, par ce qui n’était encore qu’un concept, ils nous ont mis sur le devant de la scène sur de nombreux salons.
David Moussard et Mélissa Grangenois qui suivent Ubeton depuis ses origines. L’un, créatif, disponible jusque tard dans la nuit pour pointer avec bienveillance les points d’amélioration et apporter des idées novatrices. L’autre, multicompétente, juriste, manager RH, no-codeuse… mais qui sait aussi coder, bref un couteau suisse de Martinique. Ce sont deux personnes motivantes.
Lors d’une folle aventure cet été, j’ai rencontré Cédric Prats, le 7ème artisan. D’ordinaire, il met en lumière les artisans. Mais cette fois, il filmait un périple cycliste de Bordeaux à Paris qui s’est décidé 3 semaines avant le départ. Avec ma petite voiture électrique, je faisais la voiture d’assistance. Durant ce parcours d’une semaine, nous allions à la rencontre des artisans ainsi que d’industriels pour échanger sur la rénovation énergétique entre autres choses. Cédric, c’est une personne généreuse et passionnée. » (à lire ou relire notre article sur cette aventure : « Les Beatles du Bâtiment »)
Tu as dépassé ton quota ? (rires)
« Comment ça ? J’en ai cité plus que 3 (il compte sur les doigts de sa main) … oups ! » (rires)