Les biosourcés représentent 11 % du marché de l'isolation

Pour Vincent Hannecart (président de l’AICB), « le marché des biosourcés a franchi un cap, en dépassant la barre symbolique des 10 % : il est sorti de l’adolescence pour entrer dans l’âge de jeune adulte, dans l’âge de la maturité ». La filière a changé d’image et affirme aujourd’hui parfaitement répondre aux enjeux environnementaux et réglementaires. En moins de 10 ans, ce marché qui était confidentiel, avec 1 % des isolants, est devenu un acteur important dans la construction et la rénovation. En 2023 (les chiffres de 2024 n’ont pas encore été consolidés), ce sont 28 millions de m² d’isolants biosourcés qui ont été commercialisés, pour un montant de presque 92 M€, soit 11 % de tout le marché de l’isolation thermique en France. Et la croissance a été rapide, puisque les volumes ont été multipliés par 2 entre 2016 et 2023, pendant que le marché en valeur était multiplié par 1,5 grâce à une baisse relative des prix. « Les volumes augmentent, les prix vont donc continuer à baisser », assure le président de l’association.

D’autant que, grâce à des investissements importants de 150 M€ depuis 2020 dans l’outil de production, les industriels de l’AICB ne tournent aujourd’hui qu’à la moitié de leurs capacités réelles. La filière promet qu’elle peut fournir un marché de 60 millions de m² sans problème (voire 80 millions de m² en 2030 grâce à 80 M€ d’investissements supplémentaires). Ceci notamment parce qu’elle s’appuie sur une large offre de produits biosourcés (vrac, semi-rigides, rigides, fibres…) qui sont utiles dans un grand nombre d’applications. Yves Hustache (délégué général de l’AICB), ajoute : « Les solutions sont sous Avis Technique ou DTU, certifiées Acermi et sont devenues des techniques courantes ». Selon lui, la tendance du marché est favorable à ces produits intégrant de la « bioressource » (chanvre, bois, paille, coton, ouate…) en raison d’un cadre réglementaire orientant vers une construction de plus en plus décarbonée, même si les seuils carbone de la RE2020 pourraient finalement être repoussés de 2028 à 2030 sous l’impulsion de la FFB… En 2030, en plus du neuf, l’usage des biosourcés sera également obligatoire dans 25 % des chantiers publics de rénovation/réhabilitation, ce qui portera encore la demande. Vincent Hannecart rebondit : « Il y a beaucoup plus d’acteurs aujourd’hui, et quasiment tous les fabricants ont intégré des biosourcés à leurs gammes. Ce n’est pas un hasard ».

Car ces solutions présentent plusieurs avantages évidents : une ressource abondante en France, variée, renouvelable, naturelle, qui fixe du carbone pendant sa phase de croissance et le conserve pendant toute la durée de vie du matériau. L’impact environnemental est faible, puisque les distances sont réduites et que le coût énergétique pour traiter la biomasse est moins élevé que celui nécessaire à la production de laines minérales par exemple. Côté gisement, l’AICB assure que seulement 2 % de tout le potentiel national est pour l’heure mobilisé. Un doublement du marché de l’isolation biosourcé porterait ce chiffre à seulement 4 %. Pas d’inquiétude donc. En 2024, selon les premières estimations, les adhérents de l’AICB auraient mieux que se maintenir dans un marché en recul, ce qui devrait logiquement encore faire progresser la part de marché des biosourcés. Les acteurs de ce marché sont donc confiants.