La boucle à eau chaude a-t-elle toujours sa place en rénovation ?

Grégoire Noble
Image
vieux chauffage

Rénover c’est facile. Mais atteindre un niveau de performance satisfaisant (au sens de la loi) nécessite un ensemble de gestes cohérent. Le bureau d’études Tribu Energie et l’association Energies & Avenir ont mené une étude afin de connaître le rôle que pourrait jouer la boucle à eau chaude dans cette transition qui se doit d’être efficace en termes de consommations, d’émissions de GES et d’impact économique.

Partager sur

Quel sera le rôle des systèmes à boucle à eau chaude dans l’atteinte des objectifs environnementaux fixés par la loi Climat & Résilience de 2021 ? Car, pour être « performante », une rénovation doit faire parvenir le bâti à un niveau précis de consommation, celui de l’étiquette DPE niveau « B ». Dès lors, quels sont les travaux nécessaires pour y arriver ?

Tribu Energie a mené une étude dont il ressort que la plupart des travaux efficients, comportent l’installation d’une pompe à chaleur. « En effet, ce sont les scénarios les plus performants dans le cadre du DPE en termes d’atteinte des seuils énergie (moins de 110 kWh/m²/an) et carbone (moins de 11 kg CO2/m²/an) », note le bureau d’études. Avec ces niveaux assez bas d’émission de gaz à effet de serre, les systèmes fonctionnant au gaz naturel se trouvent exclus des projets de réhabilitation, tandis que la moins bonne efficacité énergétique tend à écarter des solutions comme l’effet Joule et le poêle ou la chaudière bois. Mais les auteurs de l’études soulignent : « Cependant, il est important de noter que l’ensemble des systèmes peut techniquement atteindre une classe ‘C’ du DPE (coefficient d’énergie primaire inférieur à 180 kWh/m²/an et émissions inférieures à 30 kg CO2/m²/an) ». Or, cette classe pourrait être considérée comme performante si l’état initial du bâti était celui de passoire thermique (soit un DPE « F » ou « G »). L’étude montre également l’importance d’un système de régulation adapté pour obtenir des gains significatifs (10 % au moins), qu’il s’agisse de consommations ou d’émissions de gaz carbonique.

Biogaz et PAC hybrides

L’association Energies & Avenir, qui défend la boucle d’eau chaude donc, remarque de son côté que les scénarios incluant des PAC hybrides atteignent l’ensemble des objectifs fixés réglementairement : « Les systèmes hybrides ont un réel intérêt et gagneraient à être davantage valorisés, notamment en bénéficiant d’aides reflétant convenablement les coûts qu’ils permettent d’éviter sur le système électrique, afin de réduire le reste à charge. [Leur] installation représente une solution aussi intéressante que la PAC électrique en termes de décarbonation, mais à l’inverse des solutions 100 % électriques, dont la performance se dégrade en hiver, ces systèmes contribuent à réduire la pointe électrique hivernale (…) un enjeu crucial dans le contexte actuel de tension sur l’approvisionnement électrique ».

Mais comment parvenir à concrétiser les besoins de travaux sur l’ensemble du territoire auprès de toutes les populations ? Car les rénovations performantes impliquent des budgets plus que conséquents, de plusieurs dizaines de milliers d’euros, qui ne sont que partiellement couverts par les aides comme MaPrimeRénov’ et les Certificats d’économies d’énergie. « Ce reste à charge trop élevé peut s’avérer dissuasif et questionne l’atteinte des objectifs ambitieux de rénovation du gouvernement alors que le pouvoir d’achat est en tension », explique Benjamin Haas, représentant de l’association. Energie & Avenir propose que les rénovations geste par geste soient soutenues, au même titre que les interventions globales, si elles s’inscrivent dans une trajectoire cohérente. La seule contrainte, être encadrées par des préconisations de travaux délivrées avec le DPE ou via un Contrat de performance énergétique (pour le logement collectif). L’association s’interroge également sur le tout PAC électrique, qu’il s’agisse d’habitat collectif où les puissances seront élevées, ou de bâti à valeur patrimoniale où l’installation d’une unité extérieure peut être problématique. Défendant la « chaleur renouvelable », Energies & Avenir conclut : « L’étude montre bien que des équipements comme les chaudières THPE peuvent atteindre les seuils performants en rénovation de passoires thermiques. Ces résultats sont encourageants et appellent au développement plus soutenu des biocombustibles (biogaz) pour que ces équipements participent à des bouquets de travaux ».
 

Grégoire Noble
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire