[Chantier] Sur le campus lillois Junia le néogothique s'habille de verre
Au cœur de Lille, sur le boulevard Vauban, la maison Albert Le Grand est le premier édifice de l’Université catholique à avoir été édifié. Entré en phase de travaux pour un an et demi, l’illustre bâtiment va devenir l’élément phare du projet de campus pour Junia, l’école d’ingénieurs lilloise qui souhaite recentrer son activité sur trois îlots principaux regroupant une douzaine de bâtiments. Première étape de ce chantier qui s’étendra jusque 2025, la transformation de cette maison Albert Le Grand, auparavant résidence universitaire, en vaisseau amiral.
Une « dimension symbolique », c'est ainsi que Thierry Occre, directeur général de Junia qualifie ces travaux qui font cohabiter le patrimoine du bâtiment, construit en 1873, avec l’avenir que représente Junia. C’est le cabinet de Nathalie T’Kint, architecte spécialisée dans le patrimoine, qui a été choisi après concours, pour réaliser cette délicate mission : « le défi était de proposer une grande polyvalence dans ce bâtiment et de l’ouvrir sur la ville, tout en gardant le cachet et l’histoire du lieu en le faisant entrer dans la modernité », explique l’architecte. Un choix qui a conduit son équipe à proposer une réhabilitation de l’existant et une extension vitrée en façade, côté boulevard Vauban, et une autre située à l’arrière, comme une charnière avec l’ISA, l’une des trois écoles d’ingénieurs qui composent le pôle Junia.
Réhabiliter l’ancien…
Première étape de ce chantier, déshabiller le bâtiment existant pour n’en garder que le squelette extérieur : « nous avons déposé 2 000 m2 de cloisons, 1 000 m2 de faux plafonds, et toutes les ouvertures pour ne garder que les planchers bois qui ont été renforcés par des fers métalliques pour rétablir la portance », résume Fabien Duhamel, directeur d’agence ouvrages fonctionnels pour l’entreprise Demathieu-Bard, qui s’est attaquée au gros œuvre. Deux semaines avant le début du chantier, des étudiants habitaient encore les lieux, mais les locaux étaient vétustes : douches et toilettes collectives, chambres individuelles, escaliers, tout a été rasé pour repartir sur de nouvelles bases. Sur la partie réhabilitation, de nouvelles cages d’escalier ont été dessinées et une soixantaine d’ouvertures ont été créées en gardant les murs porteurs. Sur le volet extension vitrée, 40 tonnes de charpente métallique, permettant de disposer de 500 m2 de vitrage, vont être utilisées dans un deuxième temps pour permettre la réalisation de l’extension en façade. Avec un petit défi technique pour l’extension arrière : l’installation d’une grue sur une parcelle de terrain exigüe afin de pouvoir monter l’extension vitrée. L’articulation entre l’ancien et le nouveau se fera par l’intermédiaire d’une liaison en joint creux, ce qui permet aussi de laisser visible le décor de la façade existante, de style néo-gothique, et ainsi conserver l’intégrité du patrimoine de ce bâtiment.
… pour cohabiter avec le contemporain
Étant sur un site où siège une école d’ingénieurs en lien avec l’environnement, le projet prévoit de végétaliser et d’enrichir écologiquement le site : le terrain en façade a ainsi été creusé de deux mètres par rapport à la route pour y intégrer des jardins qui seront accessibles depuis le sous-sol, et les toitures seront végétalisées. Pour répondre à la réglementation actuelle, une mise aux normes d’accessibilité et de sécurité incendie a également été prévue, avec notamment l’installation d’un ascenseur dans l’extension en façade. Le bâtiment abritera le siège administratif et les services aux étudiants et servira de jolie vitrine à Junia. Le rez-de-chaussée de 500 m2, laissé en grande partie entièrement ouvert, servira d’espaces flexibles pour les conférences et autres événements, tandis que les étages accueilleront des espaces partagés de bureaux, à la fois pour les salariés que pour les chercheurs en résidence ou travailleurs nomades.
Cette première phase de travaux devrait se poursuivre autour des îlots Colson et Palais-Rameau, deux autres zones patrimoniales que Junia a cœur de préserver. (A.-L. Favier)
MEMO, le chantier en bref
Réhabilitation d’un bâtiment historique de type néo-gothique construit en 1879
- Construction de deux extensions contemporaines vitrées
- 500 m2 au sol sur 4 étages et un rez-de-chaussée
- Architecte : cabinet NTK
- Entreprises intervenant sur le chantier (toutes des Hauts-de-France) : Demathieu Bard pour le gros œuvre, SDI pour le lot platerie, cloisons, faux plafonds, menuiserie intérieure et parquet, SPDE/CRI pour les revêtements de sol et les peintures, Axima Concept pour le chauffage et la ventilation ainsi que la plomberie, Spie industrie Tertiaire pour l’électricité et Thyssenkrupp pour l’ascenseur qui sera installé dans l’extension vitrée.
- Coût global des travaux : 32 millions d’euros pour la rénovation de tous les bâtiments
- Durée des travaux : 19 mois pour le bâtiment Albert Le Grand, puis poursuite des travaux jusqu’en 2025 pour les autres îlots.