La métamorphose de l'Hôtel Dieu de Clermont-Ferrand en bibliothèque métropolitaine
Imaginée en 2000 mais démarrée seulement fin 2020, la transformation du pavillon Dijon de l’Hôtel-Dieu en bibliothèque moderne est en cours. Fouilles archéologiques, travaux de désamiantage, déplombage durant un an et curage ont été menés en préservant les éléments originaux du bâtiment du XVIIe siècle (portes, lustres, tableau, etc.).
La future bibliothèque métropolitaine (6 grands pôles thématiques sur 2 362 m2 avec une extension pour abriter un espace détente, un amphithéâtre, une salle d’exposition et un espace numérique) n’ouvrira pas avant 2026 mais la métamorphose de ce lieu familier des Clermontois, en friche depuis vingt ans à côté de la place de Jaude, est en bonne voie. Lauréat du concours d’architecture, Patrick Richard du cabinet Stanton Williams, qui aménage actuellement le musée de Londres dans d’anciennes halles maraichères, est souvent confronté aux difficultés.
Des fondations très anciennes
« La transformation d’un hôpital en bâtiment de culture, avec un amphithéâtre et un jardin de lecture, est toujours un chantier complexe. Pour les fouilles, les archéologues ont creusé un grand trou dans la cour d’honneur. Il a fallu consolider les façades avec des étais pour sécuriser afin de permettre aux entreprises de travailler sereinement. On a aussi protégé le réseau de caves. » L’agence clermontoise associée (Marcillon Thuillier Architectes) a suivi les travaux avec attention. « On réactive ce vieux bâtiment âgé de 250 ans avec des fondations proches du sol datant de 150 000 ans. Le tuf d’origine volcanique est résistant mais nous restons vigilants. Pour consolider, on a posé des pieux sécants pour recréer un soutènement en béton. Des appareils de mesure détectent au millimètre les évolutions », explique David Marcillon qui avait réalisé la bibliothèque de Maringues (63) dans l’hôtel particulier des Ducs de Bouillon.
Un chantier HQE
« Tout est mis en décharge et on surveille les bordereaux. Une partie des gravats évacués de la cour d’honneur durant les fouilles a servi à implanter la plateforme », indique Mélanie Villenet Hamel, chef de projet. Après les réparations et le nettoyage des façades, la remise en état nécessaire de la toiture des bâtiments (9 571 m2) de septembre 2023 jusqu’en 2024 constituera une étape supplémentaire.
Une (re)construction très encadrée
Cette réhabilitation en centre-ville n’est pas aisée pour les entreprises qui ont débuté le chantier de rénovation au printemps 2023. Le 31 mai, la première pierre a été posée par les élus. « Quatre entreprises locales (Louis Geneste, Jacquet, Peretti et Dumez) ont démarré le gros œuvre et la restauration des façades avec du piquetage à l’intérieur du bâtiment », indique Mélanie Villenet Hamel, chef de projet de la grande bibliothèque (Clermont Auvergne Métropole). « La restauration est fine et soignée en accord avec les prescriptions de la conservation des monuments historiques. La construction (un forum) au centre de la cour d’honneur, ne doit pas dépasser une certaine altimétrie, être distanciée des ailes existantes de 5 mètres tout en respectant les éléments patrimoniaux comme l’escalier d’honneur. Un autre point délicat était le terrassement, au centre de la cour, pour préparer la construction tout en respectant le bâtiment existant et la reprise en sous-œuvre pour installer les gaines techniques. » L’extension nécessaire, pour augmenter la surface utile (de 7 000 à 9 000 m2) et respecter des normes, aura la forme d’un amphithéâtre de 200 places entouré de pierres de taille avec une salle d’exposition, un espace numérique et des jeux vidéo. « Elle devrait se fondre harmonieusement dans l’ancien », assure la directrice qui cite des réhabilitations réussies d’hôpitaux comme la bibliothèque Françoise Sagan à Paris ou Inguimbertine à Carpentras. Pour respecter les lieux, l’agence d’architecture Covalence (spécialisée dans le patrimoine) a décidé que la couverture de l’aile nord serait constituée de tuiles canal (plutôt que mécaniques) produites par Jean-François Litaud à Séreilhac (Haute-Vienne). Lancée dans la restauration de son patrimoine (basilique, cathédrale, office du tourisme, etc.), Clermont-Ferrand vise de devenir capitale européenne de la culture.
Texte et photos de notre correspondant régional AURA Jean-Pierre Raynaud
Les acteurs du chantier
Maitrise d’ouvrage : Clermont Auvergne Métropole
Architecte mandataire : Stanton Williams Limited (Londres
Architecte: Bim Manager : MTA (Marcillon, Thuilier) à Clermont-Ferrand co-traitant
Entreprises intervenantes : Louis Geneste et Jacquet pour la restauration des façades, Peretti et Dumez pour les finitions
BET Structure : Eckersley O’Callaghan (75)
BET Fluides, environnement HQE, CEM : BET Choulet (63)
BET Acoustique : Salto Ingéniérie (63)
Coût global : 84 M€