À Nantes, un ancien lycée transformé en collège moderne

Thierry Goussin
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chantier collège Nantes

Dans le centre de la Cité des Ducs, le département de Loire-Atlantique réhabilite un ancien lycée, construit sur plusieurs générations. Complexe, ce chantier de presque trois ans mêle destructions, constructions et réhabilitation patrimoniale pour aboutir à un établissement cohérent et moderne.

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Comment faire d’un ensemble de bâtiments d’enseignement disparates un collège moderne au cœur de Nantes ? C’est le défi qu’a relevé le département de la Loire-Atlantique en rachetant en 2018 à la région le lycée Vial, fermé depuis 2014.Pour Michel Ménard, le président du conseil départemental, « le site était extrêmement bien placé et c’était une opportunité pour revoir la carte scolaire ». Le futur collège, qui n’a pas encore de nom, s’inscrit en effet dans une politique de mixité affichée. Il viendra remplacer à la rentrée 2024 trois collèges existants, situés dans des secteurs extrêmement différents de Nantes. La question du coût n’a pas joué dans le choix du département. « L’investissement est équivalent à celui d’un collège neuf »,relève Michel Ménard, soit un budget global de 19,7 M€.

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« Un confort assimilé au neuf »

La complexité et les enjeux globaux d’un tel projet sont, eux, radicalement différents. « Il ne s’agit pas d’une réhabilitation de remise à niveau. L’objectif est d’avoir une fonctionnalité digne d’un collège, un confort assimilé au neuf en tirant partie des bâtiments anciens, en valorisant le végétal et en utilisant le cachet de l’ancien », expose Hélène Guyonnet, cheffe de projet à Loire-Atlantique Développement, qui a assurée la maîtrise d’ouvrage pour le département. Au niveau confort et performance énergétique, le futur collège visera le label BBC Rénovation. Désignée maître d’œuvre en 2019, l’agence Cobalt Architectes a dû composer avec un existant complexe et lever de multiples contraintes techniques et de conception. Depuis 1896 et la construction, rue du 14-juillet, de l’École pratique de commerce et d’industrie de jeunes filles, cinq générations de bâtiments sont venues s’ajouter en 120 ans. Avec 7000 m² construits sur une parcelle de 8 000 m², les espaces étaient saturés, peu lisibles, et peu accueillants.

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chantier collège Nantes

Cohérence et respiration

Afin de redonner cohérence et respiration à l’ensemble, 630 m² de surfaces ont été démolies, principalement dans les plus récents bâtiments. « Les constructions avaient été enchevêtrées les unes aux autres, on avait peu de profondeur de vue. L’ensemble ne correspondait pas à l’ambiance nécessaire au collège », souligne Hélène Guyonnet. En parallèle, 660 m² de surface, soit 10 % de l’opération, ont été reconstruites à neuf, en particulier pour créer du lien entre les différents bâtiments. Après six mois de curage et désamiantage, le chantier de réhabilitation proprement dit a démarré en septembre 2021. L’entrée par la rue, peu fonctionnelle, a été élargie par une cour d’arrivée, d’où les élèves ont, via un espace en transparence, une vue sur le patio historique et son beau mimosa, invisibles de l’extérieur auparavant.

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Une valeur patrimoniale préservée

À l’intérieur, les travaux ont été d’importance pour les 25 entreprises titulaires de lot, 80 entreprises au total ayant été associées au chantier en comptant les sous-traitants. « Nous avons procédé à des reprises structurelles pour quasiment tout le bâtiment », explique Anne Lemasson, de l’agence Cobalt. Les bâtiments des années 1950, 1960 et 1980 sont principalement traités en bardage zinc en pose verticale, en briques et en enduit. Pour la partie la plus ancienne, c’est une logique de préservation du patrimoine qui a prévalu. Les façades en tuffeau et les toitures ardoise ont été refaites à l’identique, des éléments intérieurs en pierre de taille ont été restaurés. « Les planchers bois ont été renforcés, nous avons essayé de garder un maximum de parquets existants », indique Anne Lemasson.

Des travaux lourds et spécifiques qui ont étiré la durée du chantier : « On a beaucoup d’interventions manuelles dans l’existant, des technicités et modes opératoires particuliers, ce qui allonge les temps de tâche », souligne Hélène Guyonnet. Le chantier a mobilisé 40 compagnons en moyenne, avec des pics à 80 sur la fin du gros œuvre. Au final, les locaux pouvant accueillir 26 classes sur trois niveaux seront prêts à servir en mars 2024. Les premiers occupants du collège en prendront possession en septembre.

Dans la logique de la ZLAN

« Il y a vingt ans, on aurait fait le choix de détruire », observe Hélène Guyonnet, cheffe de projet à Loire-Atlantique Développement. Mais la logique de zéro artificialisation nette (ZAN) des sols de la Loi Climat et résilience change la donne et bouscule les habitudes. « Ce chantier préfigure ce qui nous attend, comment on réinvente des bâtiments existants en adaptant leur fonctionnalité », conclut-elle.

Thierry Goussin
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