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Pavé tok

[Déstockage & Invendus] La start-up nantaise Articonnex bascule dans un format phygital

Stéphane Vigliandi
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Emmanuel Morel - Cofondateur Articonnex

Deux ans et demi après sa création, la plateforme on-line qui met en relation des artisans pour vendre et acheter les surplus de chantier, fait évoluer son business-model. Elle devient, elle aussi, phygitale.

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EN PHOTO • Installés à Orvault, en périphérie de Nantes (Loire-Atlantique), Emmanuel Morel (en photo - lauréat du Prix Philibert Vrau 2020 dans la catégorie “Jeune dirigeant” en janvier dernier) codirige Articonnex avec son frère Raphaël Morel. À leurs côtés ? L’autre cofondateur de la plateforme : l’artisan Jean-Clair Le Floc’h qui est un ancien skipper implanté à La Baule.

Donner une seconde vie aux fameux “nanards” des artisans ! À l’image d’autres places de marché BtoB spécialisées dans le déstockage de matériaux et produits de construction, Articonnex entend se faire une place sur le marché des surplus de chantier. Menuiseries extérieures, machines de menuisiers (ponceuses double bande, scies tenonneuses, scies à ruban, toupies…), bois et dérivés, sanitaires, équipements de génie climatique, éclairage, matériel électrique, revêtements de sols… : la jeune start-up – immatriculée en septembre 2018 au Greffe du Tribunal de Commerce de Saint-Nazaire (44) – s’est positionnée dans la lutte contre le gaspillage et le réemploi solidaire, mais également contre les dépôts sauvages ; deux titres (III et V) qui figurent en bonne place dans la loi dite “Anti-gaspi et pour une économie circulaire” publiée au Journal Officiel le 10 février 2020.

Sur son portail web, le distributeur rappelle qu’il est « spécialisé dans la remise sur le marché de matériaux du bâtiment écartés des circuits de distribution traditionnels : surplus d'artisans, déstockage industriel et réemploi » de produits du Bâtiment voués à la benne et vendus en l’état. À l’initiative de ce projet “vertueux” ? Jean-Clair Le Floc’h – un menuisier de La Baule qui préside également la coopérative ARBA (Artisans Réunis Bois Atlantique) et membre de l’Orcab – et l’entrepreneur Emmanuel More.

Leur ambition ? Mettre en relation les artisans ayant des matériaux et du matériel de chantier qui n'ont pas été utilisés, ou encore des ateliers et leurs machines à partager. Mi-février 2021, leur entreprise a franchi une nouvelle étape avec l’ouverture d’un premier entrepôt sur une zone d’activité d’Orvault, doté d’une surface de stockage de 340 m²

Les trois associés d’Articonnex – Raphaël Morel, le frère d’Emmanuel, a rejoint l’équipe – y exposent des matériaux provenant de trois circuits différents, mais toujours dans la même logique : éviter leur mise à la benne. Articonnex met ainsi en vente des surplus d’artisans (erreurs de commandes, surplus de chantiers) ou des produits récupérés à la suite d’une cessation d’activité : volets, parquets, lambris, portes, fenêtres, etc.

Appel à projets “Économie circulaire”

« Nous n’avons que des matériaux de “qualité artisan” que nous reprenons sous un système de dépôt vente avec un taux de commission de l’ordre de 15 % [l’inscription sur la plateforme est gratuite, tout comme la mise en vente] », précise Emmanuel Morel. « Nous avons compris que le sujet principal des artisans, c’était le stockage et le temps. Nous leur enlevons donc une épine du pied ! », ajoute-t-il pour justifier l’évolution du modèle proposé.

Articonnex remet aussi sur le marché des produits issus de déstockage industriel, déclassés en raison de petits défauts : panneaux OSB, contreplaqués, carrelages, etc. Enfin, dernière filière jugée aujourd’hui plus expérimentale : celle du réemploi. La marketplace récupère sur des chantiers de déconstruction, notamment ceux de l’opérateur angevin Occamat, des plaques de plâtre, des isolants et des faux plafonds entre autres.

À cet égard, elle travaille avec le “Booster du Réemploi” (une "techstar" lancée à la rentrée 2020) et des bureaux de contrôle pour qualifier les produits remis dans le circuit de vente. Côté politique tarifaire ? Le site internet annonce « des matériaux déjà existants vendus en moyenne 40 % moins cher que les prix du marché ».

Dans un contexte de marché qui est frappé depuis mi-2020 par une hausse des prix et des risques de pénurie, l’argument fera-t-il mouche ? En région Pays-de-la-Loire jugée plutôt dynamique sur ces problématiques de réemploi, Articonnex a été lauréat d’un appel à projets “Économie circulaire” piloté par le Conseil régional.

La subvention reçue a été utilisée dans la création de l’entrepôt et d’un web magazine pédagogique qui met en avant « des artisans exemplaires » dans l’utilisation des matériaux de construction. L’entreprise nantaise a par ailleurs été l’un des huit lauréats d’un appel à manifestation d’intérêt national de l’Ademe “Contrat à impact économie circulaire”.

Le projet qui sera conduit avec le Syndicat mixte Centre-Nord-Atlantique (SMCNA), s’articulera autour du réemploi des matériaux du second œuvre. Avec, à la clé, la création de trois mini-usines de valorisation : un atelier dédié au bois en lien avec Atlanbois et un second dédié à l’univers carrelage sanitaire sont dans les cartons. Le troisième site, lui, reste encore à définir. Thierry Goussin (correspondant régional, Pays-de-la-Loire), avec Stéphane Vigliandi

Stéphane Vigliandi
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