[1/2] EPI : de la sécurité au confort d’usage, les défis à relever

Stéphane Vigliandi
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EPI.

Plus que jamais, la santé et sécurité au travail sont “la” priorité dans le BTP. À force d’innovations pour s’adapter aux besoins, les EPI parviennent pas à pas à ne plus être perçus comme une contrainte. De la tête aux pieds, ces équipements participent largement au confort de travail des compagnons… en toute sécurité !

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E.P.I. Trois lettres pour désigner des équipements indispensables dans le monde du travail, notamment dans l’univers du Bâtiment. Permettre à tous de travailler en sécurité demande une politique de prévention active pour mettre en place des mesures collectives en vue de limiter les risques au travail, mais aussi d’équiper les artisans et leurs compagnons de protections individuelles.

Pourtant les EPI sont encore trop souvent perçus comme une contrainte, un frein au bon déroulement du travail à effectuer sur les chantiers ou en atelier. Mais les mentalités évoluent bel et bien, en particulier chez la jeune génération qui arrive dans les entreprises.

Pour ces jeunes talents, l’acceptation du port des EPI est une… évidence. Tout simplement ! Il est vrai aussi que les fabricants et les confectionneurs du secteur ont nettement fait évoluer, ces dernières années, leurs gammes et collections vers plus de confort.

À la clé ? Une meilleure prise en compte les particularités de chaque métiers et de chaque sexe – les femmes représentant environ 12 % des effectifs salariés dans le BTP. Dans le viseur des marques, il s’agit de coller au plus près des attentes et besoins des utilisateurs.

TMS, pathologies liées à l’inhalation de poussières d’amiante ou de bois, troubles auditifs… : tous les ans, 8 millions de jours de travail sont perdus dans le BTP en lien avec les accidents du travail (AT) et maladies professionnelles (MP). C’est l’équivalent de 36 000 emplois à temps plein. Coût direct ? Plus de 1 Md€ pour les entreprises au titre de leurs cotisations AT et MP

Bénéfique crise sanitaire ?

De l’aveu même de Nicolas Bialy, le nouveau président du Syndicat national des acteurs du marché de la prévention et de la protection (Synamap), la pandémie de la Covid-19 a mis en lumière l’importance de la protection individuelle. Avec toutefois des impacts plus ou moins positifs.

« La crise sanitaire que nous avons traversée continue d’avoir des impacts divers sur notre filière et nos adhérents*. Pour les aspects d’ordre négatifs, on peut citer quelques exemples comme les effets sur le niveau d’activité et le chiffre d’affaires de nos membres, l’apparition soudaine d’acteurs “opportunistes” qui sont venus perturber le marché et profiter d’une situation d’urgence sanitaire, constate le chef de file du Synamap. En filigrane, il a pu y avoir une forme de remise en question des critères normatifs et qualitatifs des solutions d’EPI, et donc une confusion sur le type d’équipements demandés par les professionnels. »

Plutôt que de voir le verre à moitié vide, Nicolas Bialy préfère regarder le bon côté des choses. « Cette période a permis de replacer la santé et la sécurité au travail au centre des préoccupations », observe-t-il. Au bénéfice de tous les compagnons, hommes et femmes, sur les chantiers et dans les ateliers !
* À ce jour, le Synamap fédère 91 industriels et distributeurs (EPI Center, Équipement Chantier, Groupe RG, Mabéo, Master Pro, Orexad-Brammer et Socoda).

« L’OPPBTP accomplit un travail formidable pour promouvoir le port des EPI. »
Nicolas Bialy, président du Synamap

Sourcing lointain : réduire la voilure

Questionnements et réflexions de l’amont de la chaîne portent entre autres sur les politiques industrielles menées au cours des dernières décennies : les délocalisations industrielles, le sourcing lointain, etc. Au nom du “Made in France” et du patriotisme économique, l’Élysée avait ainsi appelé de ses vœux pieux lors du premier confinement en 2020, la crise sanitaire a servi d’électrochoc. Une majorité d’acteurs ont capitalisé sur les circuits courts grâce à une production à l’échelle française et sur la zone Euro-Méditérranée.

De longue date, des sociétés historiques fabriquent leurs gammes et collections dans l’Hexagone. « Les acteurs de notre marché s’interrogent sur les solutions à apporter pour réduire la dépendance à certaines filières d’approvisionnement. Mais nous restons tributaires toutefois de la provenance de certaines matières premières et de la problématique tarifaire », pointe néanmoins Nicolas Bialy.

Pour autant, les fabricants disposent encore d’un fabuleux réservoir de croissance autour de la connectivité et de la personnalisation des EPI par secteur d’activité. Dossier réalisé par Franck Guidicelli, avec Stéphane Vigliandi
 

EPI • Chiffres-clés

• 1,5 Md€    C’est l’estimation du marché français en 2020.
(Source : estimations fabricants)

• 656 000    C’est le nombre d’accidents du travail en 2019 dont 733 mortels.
(Source : ministère du Travail)

• 71        C’est le nombre de jours de travail perdus en moyenne lors d’un accident du travail.
(Source : Assurance Maladie – Risques professionnels)

• 2,5        C’est le nombre moyen d’accidents du travail que subira un employé du BTP au cours de sa carrière.
(Source : Assurance Maladie – Risques professionnels)
 

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EPI connecté.
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EPI, protections auditives.
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Fiches EPI métiers de l'OPPBTP.

Entretien avec… | Nicolas Bialy, président du Synamap
« Vers plus de compatibilité entre les EPI »

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Nicolas Bialy, Synamap.

CONJONCTURE 2022 • Le marché reste tendu du fait de la hausse du coût des matières premières. Les experts du secteur s’accordent actuellement sur un marché de l’ordre de 1,1 à 1,2 Md€ de chiffre d’affaires annuel [jusqu’à 1,5 Md€ selon les estimations hautes de certains fabricants, ndlr]. Depuis plusieurs années, le secteur est relativement stable car l’amélioration de la prévention et de la sécurité au travail demeure un enjeu majeur en termes de santé publique.

ÉVOLUTIONS RÉGLEMENTAIRES • Le principal changement auxquels sont confrontés nos adhérents est lié au Brexit. En effet, les fabricants sont confrontés aujourd’hui à la problématique du marquage UKCA (UK Conformity Assessed, voir ci-dessous) qui vient s’ajouter aux réglementations européennes et françaises déjà très contraignantes. Même si le gouvernement britannique a instauré un assouplissement de la période de transition, cela entraîne tout de même des interrogations pour les fabricants d’EPI.

TENDANCES PRODUITS • Cela fait déjà quelques années que les marques développent des produits toujours plus qualitatifs pour répondre aux exigences et besoins des utilisateurs. Leurs investissements [R&D, conception, production] ont permis de lancer des solutions connectés et des équipements ergonomiques. Aujourd’hui, la traçabilité et durabilité sont des enjeux importants. La miniaturisation de la technologie nous permet d'intégrer des puces RFID pour proposer des EPI connectés. Jusque-là marché de niche, les EPI sur mesure se développent. Les fabricants travaillent aussi sur la compatibilité entre EPI ; un vêtement de travail ne devant pas gêner le port d’autres EPI. Enfin il y a une forte concentration sur les produits écoresponsables. Ce n’est pas une “simple” tendance, mais un réel engagement environnemental !

PORT DES EPI ET ACTIONS DU SYNAMAP • Notre syndicat œuvre tous les jours en faveur d’un champ économique harmonisé, stable et respectueux des principes fondamentaux du droit en vigueur. Nous soutenons nos adhérents dans la promotion de la qualité des EPI. Les actions menées pour encourager le port des EPI sur les chantiers sont faites par l’OPPBTP qui accomplit un travail formidable. Propos recueillis par Franck Guidicelli

MÉMO • Un EPI, qu’est-ce que c’est ?

Acronyme d’équipement de protection individuelle, l’EPI est utilisé pour protéger l’ensemble du corps contre les différentes typologies de risque au travail : infections, blessures, risques accidentels, chutes de hauteur, etc. Il permet aussi d’assurer la sécurité des travailleurs. Le vestiaire complet comprend les casques de protection, le workwear (vêtements de travail), les lunettes de protection, les gants, la protection respiratoire et les chaussures. L’EPI doit protéger l’utilisateur contre l’arc électrique, les risques physiques, biologiques, chimiques, thermiques et les particules en suspension dans l’air. 

Stéphane Vigliandi
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