La coutellerie Fontenille Pataud déménage dans la vallée des usines

Quentin Nataf
Image
Manufacture de coutellerie fine depuis 1929, Fontenille Pataud a décidé de quitter ses locaux dans la partie haute de Thiers pour déménager près de l’usine de May, du centre d’art contemporain et de l’entreprise Sauzedde-Néron (spécialisée dans la transformation de la corne), seule usine qui occupait jusqu’à maintenant cette friche industrielle. Quelques travaux ont redonné du cachet à un édifice qui a connu des reconversions ou des déboires depuis le XVe siècle.
Partager sur

« Lorsque j’ai vu le bâtiment, où nous aurions plus de place pour l’atelier, le show-room, les bureaux, je suis immédiatement tombé amoureux de l’endroit », confie Yann Delarboulas, premier dirigeant à s’engager dans une réhabilitation et qui aimerait que sa démarche soit reprise par ses confrères. « Dans ce lieu, on voit toujours des touristes ou des randonneurs, qui viennent dans la capitale française de la coutellerie. » Jusque dans les années 1980, la vallée des usines a nourri des milliers d’ouvriers. « Les fondations remontent au XVe siècle. Papèterie au XVIIe puis coutellerie, le bâtiment a brûlé dans les années 1950. Après l’effondrement, il a été reconstruit avec des murs en parpaings et une charpente métallique. » Ce site reflète les tendances de l’époque. La toiture en shed éclaire l’espace de travail, chauffé avec des aérothermes, un déstratificateur poussant l’air chaud vers le bas. « Le circuit d’eau chaude fonctionnait correctement. Mais la nouvelle installation est plus moderne et moins bruyante. » Seul édifice à ne jamais avoir été abandonné (le précédent occupant, CAP Plastiques, était spécialisé dans l’injection), entouré de bâtiments classés (forge Mondière, église Saint-Jean, usine du May), sa particularité est de s’appuyer sur la roche. Le projet de rénovation a été soumis à l’architecte des Bâtiments de France. « Nous voulions un outil de travail moderne sans défigurer le cachet de l’ancien. Les volets en fer, datant de l’après-guerre, ont été démontés et repeints. Les fenêtres en bois ont été remplacées par du double vitrage. »  Délimitée par le mur en pierres de l’ancienne usine, disparu dans les flammes, la grande pièce de l‘entrée, rehaussée par une charpente métallique, a été cloisonnée en trois parties : montage, polissage et showroom. « Voulant garder la structure originelle, nous avons écarté la solution du faux plafond. Coïncidence : le plombier qui s’était occupé de l’installation était Georges Cros, mon grand oncle, décédé voici quelques années. » Bâti entre le rocher et la rivière, cette fabrique est bien pensée. « Chacune installait une turbine (retenue d’eau) pour générer de l’électricité avec d’abord une roue à aube puis une micro centrale. » Avec 200 000 € de travaux, le nouveau siège social de Fontenille Pataud, où un ravalement des façades est en cours, installé dans le berceau de la coutellerie le long de la Durolle, ne manquera pas de faire des envieux.

Depuis 1773
Depuis 1773, le site, qui a d’abord produit du papier, a connu plusieurs activités. L’ancienne papèterie est équipée d’un rouet en 1870 puis acquise par le coutelier Girodias Chabrol. Revendue à un confrère, Maubert Menière (qui a fait installer une turbine Fontaine d’une puissance de 28 CV, une machine à vapeur de 30 CV et créé la société France exportation), la petite usine va fonctionner jusqu’en 1980 après avoir été détruite par un incendie et reconstruite dans les années 1950. Désaffectée, elle est rachetée par la municipalité en 1991 pour servir d’atelier-relais puis louée par CAP jusqu’en 2016.(Jean-Pierre Reynaud)

Image
Image
Image
Image
Quentin Nataf
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire