La tour de logement à zéro facture énergétique existe, elle est à Strasbourg

Grégoire Noble
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[Zepros Energie] La première tour résidentielle à énergie positive « Elithis Danube », située à Strasbourg, livre ses résultats après 3 ans d’exploitation. Et pour une majorité de logements, la facture d’énergie est de 0 € par an, démontrant la faisabilité de tours performantes à bilan carbone neutre et à coût maîtrisé. Mais par quel prodige ?

Que diriez-vous si vous pouviez économiser 1 400 € par an sur vos frais de chauffage/rafraîchissement ? Et cela sans devoir porter des pulls à l’intérieur de votre appartement, mais en réglant la température à un confortable 22 °C ? Cela semble trop beau pour être vrai, pourtant, après trois années d’occupation dans la tour Elithis Danube de Strasbourg, la majorité des résidents ont une facture énergétique nulle. Et pour la moitié d’entre eux, la facture se transforme même en recette puisque ces ménages parviennent à dégager un (petit) bénéfice de 36 €/an grâce à la revente du surplus d’énergie renouvelable. Car leur immeuble de 57 mètres produit plus d’énergie qu’il n’en consomme : exactement 108 % de ses besoins. Sa façade sud et sa toiture intègrent 1 233 m² de capteurs solaires totalisant 219 kWc de puissance, et qui produisent 167,5 GWh annuels. Côté consommations, elles s’établissent à moins de 81 kWh/m².an. Elithis souligne : « La tour divise par 7 ses besoins énergétiques par rapport à des constructions neuves RT 2012 et par 13 par rapport au parc existant moyen ».

Effilée comme un couteau au nord, largement tournée vers le sud

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Produire de l’électricité verte n’est pas le seul atout de la tour Elithis Danube. Sa neutralité carbone a, elle aussi, été recherchée. Ses émissions de CO2 sont de seulement 3,5 kg/m².an, « soit une division de 18 par rapport à celles émises dans un logement du parc existant », précisent les concepteurs. Pour sa surface habitable de 4 364 m², cela donne donc une économie de 250 tonnes de CO2 par an. Les architectes et ingénieurs justifient le recours à une tour : « L’usage rationalisé du sol s’inscrit dans la lutte contre son artificialisation. Les besoins de surface au sol sont divisés par quatre dans le cas présent par rapport à un projet classique ». La densité obtenue (63 logements sur 16 niveaux plus 3 étages de bureaux), permet de limiter les déplacements des occupants et lutte contre l’étalement urbain.

La façade est isolée par 20 centimètres de laine de verre tandis que le premier et le dernier niveau bénéficient d’isolants polymères (24 centimètres de PU en plancher haut et 15 cm de PS en plancher bas). La conception bioclimatique de l’ensemble a été poussé avec des surfaces de déperdition limitées et une enveloppe qui « maximise les effets du vents en perforant le nord d’une simple arrête » effilée. L’ensemble des baies est orienté de manière à recevoir des rayons solaires en toute saison. Cette utilisation de l’énergie naturelle gratuite pour l’éclairage ou la chaleur en hiver, contribue au bien-être des occupants.

Le Flexi_Floor, là où tout (se) passe

La tour expérimente également un dispositif maison, nommé Flexi_Floor qui « optimise l’intégration et l’efficience des installations techniques chauffage/ventilation/distribution électrique ». Tout est intégré dans des faux planchers où se trouvent encaissés les diffuseurs de chauffage et d’air frais afin de libérer l’espace et de former un écran thermique qui vient balayer les parois vitrées. Le dispositif comprend également une ventilation hybride double/simple flux qui prend place dans un placard technique caché derrière la gain des WC. Cette solution permet d’économiser les consommations auxiliaires pendant les mi-saisons et l’été tout en divisant par 4 l’entretien des filtres. En mode « été » la ventilation fonctionne en simple flux avec prise d’air au niveau du caniveau chauffant. En mode « hiver » elle bascule en double flux, afin de récupérer des calories grâce à un échangeur de chaleur individuel à haut rendement (91 %).

Malgré cette débauche de solutions techniques avancées, le coût de construction semble avoir été maîtrisé, notamment grâce à une économie de matière liée à la conception bioclimatique de l’édifice. Environ 30 % de ressources auraient ainsi été épargnées. La facture s’élève à 1 409 € HT/m² (surface de plancher), faisant monter l’investissement total à 20 M€ TTC. Le groupe Elithis n’en est pas à son premier essai, puisqu’il avait déjà conçu et réalisé la première tour de bureaux à énergie positive à Dijon. La multiplication de tels projets performants et compétitifs est le signe que la construction durable peut ne pas se limiter à la maison individuelle ou au petit collectif.

G.N.

Grégoire Noble
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