Féminisation des métiers du BTP : comment faire ?
Les femmes représentent aujourd’hui 12 % des salariés du secteur du BTP. Or, les entreprises considèrent que la mixité est un enjeu important qui a un impact positif sur la performance globale et que la féminisation pourrait atténuer la tension sur le recrutement. Les métiers de l’encadrement de chantier, de l’étude-conception et du second œuvre devraient être féminisés en priorité.
La Commission paritaire régionale emploi-formation du BTP d’Île-de-France a sollicité l’Observatoire des métiers du BTP pour conduire une étude sur la féminisation du secteur, les freins à lever et les leviers à actionner pour promouvoir la place des femmes. Car les entreprises sont conscientes des effets positifs de la mixité des effectifs sur leur efficacité et leur succès.
Premier constat : les entretiens menés par le cabinet Sauléa Conseil montrent « que les choix genrés en phase d’orientation s’accompagnent d’un phénomène d’autocensure des femmes, peu enclines à intégrer des environnements marqués par la prédominance des hommes et où les modèles féminins sont rares ». L’influence de la famille et des proches comptera donc beaucoup dans le choix d’une orientation professionnelle et la facilitera pourvu qu’il y ait un connaissance qui y exerce déjà. L’étude note également que les métiers du BTP ne sont que peu évoqués par les formateurs comme étant une opportunité pour les femmes en insertion ou reconversion…
Intéresser, recruter, valoriser
Les femmes du BTP se retrouvent donc plutôt dans les fonctions administratives ou commerciales (93 % des cas). Les entreprises ne remettent pourtant pas en cause l’accessibilité de tous leurs métiers aux deux sexes. Les métiers apparaissent souvent comme éprouvants physiquement mais, comme le note CCCA-BTP « cette problématique d’aptitude physique n’est pas spécifique aux femmes et les évolutions technologiques changent d’ores et déjà la donne ». Les formations qui attirent le plus les femmes sont liées aux travaux de second œuvre (finition, peinture, carrelage) pour leur aspect plus « artistique », et celles qui sont orientées vers la créativité comme l’architecture ou le développement durable. Deux critères semblent attirer davantage les candidates féminines : horaires et conditions de travail favorisant un bon équilibre entre vie pro et vie perso, et une évolution des pratiques de recrutement.
Dans le bâtiment spécifiquement, 60 % des entreprises considèrent que les métiers de l’encadrement de chantier doivent être féminisés en priorité. Et près de 50 % indiquent également les métiers « études et conception ». Plusieurs pistes d’actions sont formulées pour parvenir à intéresser davantage les candidates : organiser des rencontres avec les jeunes dans les écoles pour faire découvrir les formations et métiers, diffuser des supports ciblés des fédérations professionnelles, actualiser les fiches métiers « cœur d’activité » du BTP, soutenir la diversification des modalités de recrutement au sein des entreprises, former sur l’égalité professionnelle et la parité, sensibiliser les donneurs d’ordre dans la construction à la féminisation de l’environnement de travail (vestiaires/douches sur les chantiers), et enfin valoriser les témoignages de parcours réussis notamment au sein de TPE/PME.