Produire plus et économiser davantage, un « sacré défi » pour la France
En déplacement dans les Yvelines (78) ce lundi 11 mars, Bruno Le Maire a annoncé de nouvelles mesures pour gagner en sobriété et en efficacité énergétique. Des contrats de performance énergétique à la récupération de chaleur fatale, voici les chantiers évoqués.
Ce lundi, Bruno Le Maire, visitait le site de GE Healthcare à Buc (78). A cette occasion, le ministre de l'Économie a rappelé l’objectif de la France de réduire de moitié sa consommation totale d’énergie d’ici à 2050 par rapport à 2021, pour passer de 1 600 TWh à 900 TWh. Un « sacré défi », selon Bruno Le Maire qui insiste sur le caractère « fondamental » de ce combat. « Le climat ne doit pas être une source d’anxiété mais un facteur de mobilisation générale pour que l’on trouve un moyen de réduire les émissions de CO2 ».
Des solutions pour les ménages…
Du côté des particuliers, l’appel du Gouvernement pour plus de sobriété énergétique semble avoir été entendu. La consommation d’électricité et de gaz a diminué de 12%, s’est félicité Bruno Le Maire. La campagne « Chaque geste compte » devrait ainsi être reconduite à l’automne. Elle fera notamment la part belle aux thermostats pilotables. « La sobriété n’est pas la solution d’un hiver mais une habitude pour passer le siècle ». Si l’annonce d’un rabotage des aides à la rénovation énergétique est mal passée chez de nombreux acteurs de la filière du bâtiment, le ministre persiste et signe : « Nous avons maintenu 3,5 milliards d’euros de crédits sur MaPrimeRénov’ en 2024, le budget est en augmentation de 800 millions d’euros par rapport à 2023. Notre ambition est la même, les crédits continuent d’augmenter mais je ne mettrai jamais la France dans le mur financier ».
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… et les entreprises
Pour accompagner les entreprises dans leur transition énergétique, deux mesures sont à l’étude. La première, celle de pouvoir « traduire les gains d’efficacité énergétique liés aux Contrats de performance énergétique directement en Certificats d’économies d’énergie de façon à alléger l’investissement nécessaire des entreprises et réduire leur besoin en trésorerie », a-t-il expliqué.
Autre piste, autour cette fois-ci de la récupération de chaleur fatale. « Il est indispensable d’accélérer sur ce sujet. La chaleur générée par les procédés industriels est très souvent dilapidée, dispersée, perdue. Je propose de travailler sur un mécanisme de garantie via un fonds assurantiel sur la récupération de la chaleur fatale (...) », a indiqué le ministre.
La chaleur perdue provenant des industries et des datas centers représente 100 TWh annuels, soit l’équivalent d’un quart de la consommation électrique des Français.
De la transparence dans les dépenses
Sur la rénovation des bâtiments publics, Bruno Le Maire a de nouveau précisé les montants investis depuis 2019, à savoir plus de 3,8 milliards d’euros. « Cet investissement doit permettre d’économiser 800 GWh par an, soit la consommation d’énergie domestique d’une ville de 200 000 habitants ». Lors d’une table ronde précédant le discours du ministre, une proposition autour du tiers-financement a été formulée par un des participants. « Nous le ferons, pourquoi pas à Bercy ».
Tous ces dispositifs ont un coût « considérable », a poursuivi Bruno Le Maire. Pour la seule rénovation, plus de 10 milliards d’euros sont dépensés chaque année, soit le montant d’économies souhaité par le ministre cette année. « Les concitoyens nous demandent des comptes sur les dépenses et leur efficacité ». Dans ce cadre, le ministère de l’Economie va mesurer le rapport entre chaque dépense et la réduction de CO2 en matière de rénovation, de bonus automobile et de décarbonation de l’industrie, a annoncé le ministre. Les résultats seront dévoilés cet été, tout comme l’évaluation des économies d’énergie liées aux travaux de rénovation énergétique, menée par le ministère de la Transition écologique. « Sur la base des résultats, nous évaluerons les dépenses qui sont efficaces et celles qui ne le sont pas. Je le ferai en particulier pour les CEE qui sont sous mon autorité et qui représentent 4 à 6 mds d’euros de dépenses chaque année ».
Non à la fraude
Bruno Le Maire a déclaré qu’il ne laisserait passer « aucune arnaque ». La hausse des contrôles avait déjà été annoncée par Agnès Pannier-Runacher, alors ministre de la Transition énergétique, en septembre 2023, lors du salon Renodays (+ 20% en 2024 et + 30% en 2025). La nouveauté, c’est le lancement immédiat de 100 000 contrôles par la DGEC au titre des CEE. Des courriers vont être envoyés aux entreprises sur lesquelles l’administration a des doutes ainsi qu’aux particuliers ayant déclaré avoir bénéficié de travaux pour s’assurer de la réalisation du chantier. Le ministre a également dévoilé avoir pris la décision de « travailler à l’unification des contrôles entre la DGEC, la DGCCRF et Tracfin ». « Tous ces services doivent travailler ensemble pour poursuivre sans répit toutes les activités frauduleuses en matière de rénovation des bâtiments (...). Je souhaite également qu’on intervienne très en amont pour stopper le versement de toute aide qui n’a pas été justifiée le temps que le doute soit levé ».
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