"Tout le monde veut une école des Geeks du Bâtiment dans son quartier !"
Zoom sur une initiative de courte formation qualifiante, destinée à l’insertion et l’autonomisation de populations éloignées de l’emploi. Au programme : remise à niveau sur les codes de la vie en entreprise, apprentissage des gestes techniques à maîtriser et application lors d’un stage. Florian du Boÿs, fondateur et président d’Impala Avenir, nous dit tout.
L’idée est partie d’une première initiative, celle des Plombiers du Numérique, en la dupliquant en plus grand et en plus intelligent. À partir de la fondation Impala Avenir, qui finance des projets en Afrique et en monte en France, nous souhaitions favoriser l’insertion et l’autonomisation des plus démunis en nous adressant directement à des populations « vulnérables ». C’est à dire viser les jeunes de quartiers prioritaires de la ville, au moyen d’un dispositif court et qualifiant. Des milliards sont déversés dans ces quartiers via les bailleurs sociaux : les jeunes doivent pouvoir profiter de cette aubaine pour se créer une vie professionnelle. L’objectif est un retour à l’emploi très rapide, dans les 3 mois, en apprenant des gestes techniques, en maîtrisant le vocabulaire et en soutenant la recherche d’emploi. Les programmes pédagogiques sont innovants, très « déconstruits ».
Il est simple : sur environ 300 heures, 50 sont consacrées à la sécurité et à la préparation de chantier, 80 heures à l’électricité (en vue d’obtenir une habilitation BF ou B0 H0V), 80 heures à la plomberie et 80 heures à l’enveloppe et l’aménagement intérieur. Il y a ensuite 100 heures supplémentaires de stage en entreprise. Le but est de devenir « agent de maintenance du bâtiment » et d’être apte à participer à des chantiers de rénovation.
À raison 24 jeunes par classe et de 2 ou 3 sessions par an, nous avons déjà eu 536 jeunes inscrits. Cela a débuté en 2021 avec une quarantaine de participants et nous en sommes à 238 en 2024. Sur ces 500 inscrits, 418 ont terminé la formation. Pour 82 % d’entre eux, la sortie a été positive avec un départ vers l’emploi (55 %) ou la reprise d’études plus longues en apprentissage (45 %). Il faut savoir que plus des trois-quarts de ces inscrits n’ont pas le niveau Bac, et 72 % ont moins de 25 ans. Toutefois, nous intégrons également des titulaires du RSA dans les formations afin d’apporter de la maturité dans les promotions. Nos candidats sont massivement recrutés par les artisans qui ont besoin de jeunes motivés, prêts à bosser. Ils continuent ensuite de les former en interne.
Nous recevons l’aide des fédérations (FFB et Capeb locales) pour trouver des entreprises partenaires qui accueillent nos candidats. Le but est de ne pas nous retrouver en concurrence avec d’autres acteurs associatifs. Ce sont nos partenaires qui portent le dispositif. Nous nous appuyons sur des gens qui savent sourcer les candidats. Par exemple nous ne touchons pas aux personnes qui dépendent déjà de France Travail (ex-Pôle Emploi). Nous avons l’appui institutionnel de l’Agence nationale de cohésion des territoires et de Constructys en tant que financeur, ainsi qu’un partenariat avec Acorus pour des opérations de rénovation urbaine. Gyrard Groupe est également un partenaire majeur. Saint-Gobain nous donne du matériel pour les plateaux techniques et nous soutient financièrement en faisant du mécénat de compétence, notamment via l’enseigne Point.P qui fait le lien entre candidats et artisans au niveau local. La méthodologie est duplicable partout géographiquement. Cela a commencé aux Mureaux, à Grigny, à Sarcelles, à Bondy… En tout, 20 écoles sont en fonctionnement et 24 de plus sont en projet. Il y a un potentiel d’une cinquantaine de dispositifs en France. Tout le monde veut une école des Geeks dans son quartier !
Ce sont des entreprises qui ont réussi à réformer la formation professionnelle et à l’industrialiser sur des métiers en tension. Intelligemment, ils en ont révolutionné le fonctionnement archaïque. Leur propre mode de fonctionnement repose toutefois sur des besoins clairement identifiés par une entreprise elle-même sollicitée par leurs commerciaux ou par France Travail. De plus, les profils de nos candidats sont assez différents.
Nous nous penchons sur d’autres formations, comme l’installation de solaire photovoltaïque ou de bornes IRVE, via les Plombiers du Numérique. Le but est de proposer des métiers valorisants aux jeunes pour qu’ils entrent dans des marchés en pleine expansion.