Les régions s’unissent pour le ciment bas carbone
Décision vient d’être prise que le projet européen CO2REDRES (Traitement de ressources secondaires pour une réduction des émissions de CO2 dans l'industrie de la construction) soit financé pour deux ans par le programme européen Interreg Grande Région*. Son objectif ? Chercher à produire localement de nouveaux ciments et bétons à faible impact environnemental.
La voie suivie est celle des argiles calcinées. Ces matières réactives peuvent être additionnées au ciment ou au béton, pour remplacer les laitiers de hauts fourneaux ou les cendres volantes de centrales à charbon, aujourd’hui quasi-disparus de la Grande Région.
Ces argiles sont cuites à 750°C environ, température nettement inférieure aux 1450°C nécessaires pour obtenir le clinker, constituant de base du ciment. En dégageant beaucoup moins de CO2 par rapport à un ciment 100% clinker, les liants intégrant des argiles calcinées pourraient abaisser d’environ 30% le bilan carbone du ciment.
Conserver et améliorer les propriétés du ciment
Ces nouveaux liants, connus sous l’appellation LC3 (Limestone Calcined Clay Cement) font partie des thématiques d’étude de l’équipe Matériaux pour le Génie Civil de l’Institut Jean Lamour à Nancy (laboratoire du CNRS et de l’Université de Lorraine). 50% du clinker y est remplacé par des argiles calcinées et du calcaire.
Sur une quarantaine d’échantillons issus de boues de lavage des granulats et de déblais divers fournis par les partenaires du projet, quatre argiles calcinées ainsi que deux métakaolins de référence et deux fillers calcaires ont été mélangés à quatre ciments produits par des cimentiers partenaires du projet. L’agencement de ces composants a été étudié au cas par cas, car des argiles calcinées de même réactivité peuvent impacter plus ou moins fortement la maniabilité des bétons, selon la nature des autres constituants présents.
Les liants intégrant des argiles calcinées pourraient abaisser d’environ 30 % le bilan carbone du ciment.
Des essais et des analyses réalisés sur pâtes de ciment et sur mortiers ont alors conduit à la sélection de deux argiles calcinées avec lesquelles des bétons témoins seront prochainement fabriqués. Enfin, une analyse du cycle de vie doit évaluer l’impact environnemental du processus complet.
L’ensemble des résultats obtenus devrait permettre d’offrir aux acteurs de la construction de cette région la possibilité de fabriquer des ciments bas carbone viables, contenant des argiles calcinées issues de ressources secondaires et locales.
* Espace de coopération regroupant des territoires partenaires allemands, belges et français (Lorraine), ainsi que le Grand-Duché du Luxembourg.