
PAC : l'Ademe veut objectiver les performances réelles

À travers une série d'études de terrain et d'essais en laboratoire, l'agence livre une photographie inédite des performances réelles des pompes à chaleur en conditions d'usage. Le message est clair : la technologie est efficace, à condition d'être bien installée et réglée.
Alors que la France vise la neutralité carbone avant 2050 et prévoit un million de pompes à chaleur produites sur le territoire d'ici à la fin du quinquennat présidentiel, l'Agence de la transition écologique (Ademe) publie un ensemble d'études inédites sur les performances réelles des PAC.
Objectif : évaluer leur efficacité énergétique, environnementale et économique dans des conditions concrètes d'utilisation.
Un potentiel confirmé pour la décarbonation du chauffage
Les pompes à chaleur occupent une place centrale dans la stratégie de décarbonation du bâtiment, qui représente environ 25 % des émissions nationales de CO₂. Selon l'Ademe, leur efficacité réelle, mesurée sur un échantillon de 100 installations air/eau et géothermiques, confirme leur rôle clé dans la réduction des consommations d'énergie et des émissions liées au chauffage.
Le coefficient de performance (COP) moyen observé sur les PAC air/eau atteint 2,9, soit environ trois à quatre fois plus d'efficacité qu'un système électrique ou à combustible fossile. Pour les PAC eau/eau, la moyenne monte à 4,3, un résultat qualifié de « très satisfaisant » par l'agence. En usage réel, ces performances se traduisent par une division par deux de la facture de chauffage par rapport à une chaudière gaz.
« Accélérer la transition énergétique, c'est aussi donner aux ménages les moyens de mieux maîtriser leur facture », résume Sylvain Waserman, président-directeur général de l'Ademe.
Des écarts importants selon l'installation
Si la tendance est globalement positive, l'agence observe de fortes disparités entre les sites mesurés : les COP varient de 1,8 à 4,5 pour les PAC air/eau. Environ un tiers des installations affichent des performances inférieures à 2,5, souvent en raison de mauvais réglages de la loi d'eau ou de radiateurs sous-dimensionnés.
Ces constats plaident pour un renforcement de la formation des installateurs et de la qualité de mise en œuvre, désormais considérés comme des leviers majeurs d'amélioration. L'Ademe suggère aussi d'intégrer sur les PAC neuves des dispositifs de suivi automatique de performance et d'alerte en cas de rendement anormalement bas.
Autre enseignement : le climat influence les résultats, avec environ 30 % d'écart entre le nord et le sud de la France. Pourtant, même lors des vagues de froid (un COP moyen de 2 a été mesuré à -4 °C) les machines conservent leur efficacité, y compris dans les zones les plus rigoureuses.
Trois chiffres-clés à retenir
- 2,9 : COP moyen des PAC air/eau mesuré par l'Ademe
- x2 : la facture de chauffage divisée par deux par rapport au gaz
- 2 ans : temps moyen d'amortissement du surcoût d'une PAC (avec aides)
Isolation et régulation : un duo gagnant
Les études de l'Ademe confirment que la qualité de l'isolation du logement reste déterminante pour le confort et la réduction des besoins énergétiques. Mais elle n'est pas une condition indispensable à la performance immédiate d'une PAC. Une maison peu isolée peut présenter un bon COP si le système est bien dimensionné et si la régulation est correctement paramétrée.
Des essais en laboratoire menés dans un environnement semi-virtuel montrent qu'une rénovation globale du bâti n'entraîne aucune dégradation du rendement, même en cas de surdimensionnement. En revanche, ajuster la loi d'eau après les travaux permet de gagner 10 % de performance et d'améliorer la stabilité de fonctionnement.
Lire notre grand dossier : La maintenance, métier d'avenir
PAC air/air : des gains nets sur les consommations
Autre volet du travail de l'Ademe : les PAC air/air, de plus en plus installées dans le parc existant. L'étude, menée sur 88 logements à partir des données des compteurs Linky, révèle que le remplacement de convecteurs électriques par une PAC air/air divise la consommation moyenne par deux, passant de 45 à 24 kWh/m²/an.
Ces systèmes contribuent aussi à améliorer le confort d'été, un argument de plus face à la multiplication des épisodes de chaleur. L'agence précise que l'effet rebond (hausse de la consommation due à un usage accru) reste aujourd'hui marginal.
Un enjeu industriel et stratégique pour la France
Derrière les performances techniques se dessine aussi un enjeu industriel majeur. Si la plupart des PAC air/eau vendues en France sont assemblées en Europe, certaines pièces clés – notamment les compresseurs – proviennent encore d'Asie. L'Ademe encourage les fabricants européens à se démarquer par la transparence des performances, la régulation automatique et la qualité du suivi numérique des installations.
À terme, la mise en place de critères de performance conditionnant les aides publiques pourrait favoriser les fabricants les plus vertueux et consolider la filière européenne.