Covid-19 / Témoignage d'artisans : « Nous sommes les mal-lotis »

Jérémy Becam
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Comme beaucoup d’entreprises du secteur, Attelann Plomberie tourne au ralenti depuis quelques jours. Si des mesures ont été annoncées par le Gouvernement ces derniers jours, cela n’est pas suffisant pour de nombreux artisans. Ces derniers se disent dans le flou et ont peur pour l’avenir de leur activité. C’est le cas de Rubens Attelann, gérant de l’entreprise Attelann qui compte actuellement six salariés dont un apprenti.

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Zepros : Quel impact ont eu les dernières annonces liées au Coronavirus sur votre activité ?

Rubens Attelann : "Le véritable fait marquant, c’est l’annonce de la fermeture des commerces le 14 mars. Auparavant, la prolifération du virus n’avait pas réellement eu d’impact sur notre activité et sur nos chantiers. Depuis cette annonce, du 14 mars, les grandes surfaces de bricolage ont dû fermer et cela a nettement ralenti notre activité. En effet, nos clients choisissent leur produit dans ces magasins et ensuite nous nous fournissons chez nos distributeurs afin de réaliser leurs travaux. Heureusement nous avons encore quelques produits en stock afin de réaliser des dépannages mais hormis ces interventions, notre activité est à l’arrêt. L’un des problèmes majeurs de cette situation, c’est le manque d’information. Nous n’avons pas toutes les informations concernant le chômage partiel et le droit de circuler ou non pour les artisans. Nous sommes obligés d’attendre. Au sein de notre entreprise, nous travaillons chacun de notre côté et nous respectons toutes les recommandations afin de limiter les risques liés au virus.

Zepros : Qu’en est-il de vos différents chantiers ?

R.A : Toutes les rénovations ont été annulées, ce qui représente environ 70% de notre activité habituelle. D’un côté certains de nos clients nous ont appelé pour reporter leurs travaux, de l’autre, c’est nous qui avons dû annuler car nous n’avons pas les matériaux ou les machines nécessaires. L’ensemble de nos fournisseurs habituels a fermé à la suite des dernières annonces du gouvernement. Nous n’avons donc pas la possibilité d’assurer nos chantiers. Aujourd’hui nous ne pouvons faire que du petit dépannage. Nous essayons de nous fournir via internet mais il manque beaucoup de choses.

Avez-vous tenté de vous renseignez auprès des instances professionnelles ?

R.A : Nous avons joint à de nombreuses reprises la FFB mais, comme beaucoup de Français, elle manque d’informations. Même constat avec la Chambre des métiers. Nous avons regardé l’intervention du Président de la République lundi soir et nous sommes allés sur le site du gouvernement pour en savoir plus mais il n’y a pas de mention précise concernant les installateurs. Nous sommes bloqués entre les fournisseurs fermés et les clients qui ont peur pour leur santé.

Comment imaginez-vous les prochaines semaines ?

R.A : Je pense que malheureusement nous allons devoir passer en chômage technique. Beaucoup de nos clients ont peur d’être contaminés. Nous sommes dans un secteur où le télétravail ne s’applique pas. Il n’y a pas de réelles mesures concernant les artisans et sur les indemnisations face à cette crise sanitaire. Un fonds de solidarité va être créé mais honnêtement, nous ne savons pas comment cela va se passer. Nous sommes très inquiets. Comment quantifier le manque d’activité ? Nous savons qu’au final nous allons être parmi les mal-lotis, comme d’habitude. Il y a un ras-le-bol de la part de la profession car il n’y a aucune solidarité vis-à-vis des artisans. Les reports des charges et des impôts sont une bonne chose mais nous avons toujours un manque à gagner. Nous sommes dans le flou."

Attelann Entreprise

  • Plomberie, électricité, chauffage et rénovation
  • Six salariés dont un apprenti
  • Noisy-le-Grand (93)
Jérémy Becam
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