Fonds Chaleur : un demi-milliard d’euros pour la transition énergétique
L’an passé, ce sont 522 M€ d’aides qui ont été distribuées par l’Ademe au titre du Fonds Chaleur (+50 %), afin de soutenir le développement de plus de 900 installations de chaleur renouvelable ou de récupération. Elles apporteront une capacité supplémentaire de 3,7 TWh et rapprochent un peu la France de ses objectifs de décarbonation.
Le Fonds Chaleur n’en finit pas de monter en puissance. Né il y a 14 ans, il a connu un vif succès et a contribué « au déploiement massif des installations de production de chaleur renouvelable sur le territoire français ». L’Ademe parle de plus de 7 100 installations pour un montant d’aides total de 3,68 Mrds € distribué, ayant généré des investissements presque quatre fois supérieurs grâce au puissant effet levier (12,4 Mrds €). En 2022, dans un contexte particulier de crise énergétique, le montant des subventions allouées a logiquement été fortement augmenté, passant des 370 M€ initialement prévus à 520 M€ au cours du 1er trimestre de l’année. Un montant inégalé qui a permis de soutenir la construction de plus de 900 projets de chaleur renouvelable ou récupérée (+62 %). « Cette hausse s’explique en grande partie par la montée en puissance des ‘Contrats Chaleur Renouvelable’ permettant l’accompagnement de projets de petite taille (principalement à biomasse) », explique l’agence de la transition écologique.
Grâce aux nouvelles capacités de production (+3,68 TWh), la production de chaleur renouvelable soutenue par le Fonds Chaleur dépasse désormais les 46 TWh annuels. L’Ademe souligne : « Au prix du gaz de 2022, la quantité de chaleur produite en une seule année par tous les projets aidés aurait coûté, si elle avait été produite à partir de gaz, l’équivalent de toutes les aides attribuées par le Fonds Chaleur en 14 ans ». L’investissement était donc pertinent. D’autant que les nouvelles installations éviteront d’émettre environ 764 000 tonnes de CO2 chaque année dans l’atmosphère.
Priorité géothermie et raccordement aux réseaux existants
L’an passé, ce sont les réseaux de chaleur qui ont été les plus soutenus, avec 221 M€ (+63 %). Un effort budgétaire qui a permis de financer 380 km de réseaux de distribution sur tout le territoire. Les chaufferies biomasse arrivent en 2e, avec 146 M€ d’aides, devant la géothermie (34 M€) et le biogaz injecté (31 M€). Suivent la récupération de chaleur fatale (19 M€) et enfin, le solaire thermique (10 M€).
Il n’en reste pas moins que, malgré cet effort de dernière minute, la France est encore en retard sur ses objectifs et qu’elle va devoir passer de 25 % à 38 % de chaleur d’origine renouvelable d’ici à 2030. L’Ademe entend donc poursuivre le mouvement en 2023 en faisant évoluer les règles d’éligibilité et de financement des projets : hausse des plafonds des forfaits de 15 à 25 % des montants, simplification de certains critères relatifs à la géothermie et au solaire thermique, ouverture du Fonds au renouvellement des chaufferies biomasse (sous conditions), ouverture à une aide au froid renouvelable issu de PAC géothermiques, ouverture de la récupération de chaleur fatale avec valorisation « en interne sur un même procédé », incorporation des coûts liés au changement de vecteur énergétique (la vapeur par une boucle d’eau chaude) , et enfin ouverture aux PAC air-eau collectives prioritairement sur les réseaux. L’accélération des projets de géothermie (de surface ou de profondeur) sera un axe prioritaire pour l’agence, comme souhaité par la ministre de la Transition énergétique. « Un groupe de travail sur les boucles d’eau chaude secondaire est également en cours, pour faciliter le raccordement des bâtiments à proximité de réseaux de chaleur non dotés de colonnes montantes (réseau d’eau chaude intérieur aux immeubles) », conclut l’Ademe. Un vaste programme.