Les acteurs de l'isolation en polystyrène expansé sur la piste du recyclé

Le polystyrène expansé (PSE) est un produit omniprésent dans la construction, utilisé pour isoler aussi bien les murs que les sols ou les toitures plates, en doublage intérieur avec des plaques de plâtre ou en isolation par l’extérieur sous enduit. « L’intérêt du PSE est son bon ratio entre matière utilisée et performance obtenue », souligne Joaquim Correia, président de l'Afipeb. « La durée de vie du matériau est longue, ce qui économise de l’énergie sur l’ensemble de l’ACV », ajoute-t-il.

Mais les industriels, bien conscients des enjeux environnementaux, cherchent à tourner la page de la pétrochimie. En travaillant sur la chimie verte, issue de matière biomasse ? « Ce n’est pas encore développé. Le principe de ‘mass balance’ n’est pas bien évalué dans les Fiches de déclaration environnementale et sanitaire. Peut-être que dans quelques années… ». D’ici là, ils travaillent plutôt sur la réincorporation de produits recyclés, qu’il s’agisse de recyclage mécanique (avec broyage du PSE ayant déjà été utilisé) ou de recyclage chimique (directement chez les producteurs d’expansible). « La REP PMCB est un accélérateur au développement du réseau de collecte », nous explique le président de l’Afipeb, « mais le dispositif a du mal à traiter toutes les spécificités de notre secteur. C’est-à-dire qu’une benne ‘Plastique’ qui recueille à la fois le PVC rigide et les mousses isolantes rend difficile l’organisation d’une filière de récupération propre ». Pourtant, certains y parviennent, comme Knauf avec Circular, Hirsch avec REuse et Corstyrène. Les industriels se rapprochent des ravaleurs, étancheurs et maçons pour collecter directement de grandes quantités de chutes de PSE.

Le polystyrène expansé est posé en neuf (2/3) plutôt qu’en rénovation (1/3), et ce matériau représente 28 % de toute l’isolation en France. « Nous sommes très exposés au marché du logement, qui a été divisé par deux entre 2022 et 2024 », concède Joaquim Correia. Une reprise dans les prochains mois ? Le président de l’Afipeb n’y croit pas trop, « malgré des signes positifs, comme les taux d’intérêts en baisse ». « Nous espérons tous une vraie reprise, plus forte et plus ferme dans le logement collectif. Mais nous n’avons pas d’immenses espoirs pour 2025. Il se passera encore de longs mois, avec une reprise en pente douce plutôt qu’en véritable rebond ». Rappelons que la filière PSE représente environ 1 000 emplois directs en France avec 28 sites industriels en activité. Le salut pourrait donc venir de la rénovation, qui devrait poursuivre sa croissance. Attention toutefois : « Ce qui tue ce marché c’est l’instabilité chronique des aides, qui neutralise son potentiel. Il faut donner de la visibilité et de la constance. Les fonds existent, l’épargne est mobilisable, mais les aides publiques n’atteignent pas leurs cibles », se désole le responsable de l’Afipeb.