Le bâtiment pas innovant ? Une idée fausse au vu des centaines de startup recensées

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] Le monde de la construction est en pleine évolution, rattrapé par les progrès de l’intelligence artificielle, de la robotique et des outils numériques en général. Les métiers du bâtiment sont aujourd’hui facilités par différentes solutions digitales, dont plusieurs centaines ont été listées et cartographiées par Impulse Partners, l’OPPBTP et CCCA-BTP.

Le bâtiment serait un secteur de l’économie poussiéreux et peu attrayant ? Que nenni, il y a même tellement d’innovation que plusieurs acteurs du secteur – l’organisme de prévention OPPBTP, celui de formation CCCA-BTP et la société de conseil en stratégie Impulse Partners – se sont associés afin de produire un Observatoire des tendances de l’innovation du BTP, et aider ainsi les professionnels à s’y retrouver dans leur quête d’outils novateurs. Antoine Thuillier (Impulse Partners) explique : « C’est un écosystème très large, avec plus de 200 jeunes pousses, qui transforment le BTP au quotidien. Nous avons analysé et cartographié cet ensemble par thèmes pour étudier la dynamique des champs d’innovation. En tout, plus de 40 champs différents ont été identifiés et regroupés ensuite par grands thèmes ». Trois grandes familles ont ainsi été constituées : productivité, qualité et sécurité. Une taxonomie parfaite pour répondre à la demande de construction plus rapide et plus performante tout en restant plus sûre pour les compagnons. Thiébault Clément (R&D Bouygues Construction) résume : « Il faut construire mieux, plus vite, moins cher, moins carboné tout en étant plus circulaire ».

Les solutions développées aident ainsi les entreprises à améliorer leurs marges en baissant leurs coûts, en optimisant leur façon de faire. Des outils d’édition et de partage du jumeau numérique (BIM) côtoient des outils partagés de suivi du chantier pour les coactivités. N’oublions pas des équipements intelligents de pilotage des ouvrages pour les gestionnaires d’actifs ou des EPI connectés pour assurer la tranquillité des ouvriers. Ainsi, les chantiers se parent de capteurs et de puces pour faire remonter un maximum d’informations à partager entre les différents acteurs (MOE, BE, entreprises…). Chez Bouygues on parle de « cockpit virtuel » et on analyse les mouvements des crochets de grues pour améliorer la coordination des approvisionnements dans le temps et l’organisation spatiale du site. Pour Alexandre Brochot (Saqara), il faut bien faire parler la donnée, la rassembler et la synthétiser pour révéler des informations. Il milite pour une interconnexion des solutions logicielles développées par les multiples acteurs, afin qu’elles puissent aisément communiquer entre elles. Mais il prévient : « Katerra est allé trop vite et il est tombé. Il faut y aller pas à pas, pour numériser ».

Outils collaboratifs, pilotage intelligent et robots de chantier

La formation sera également un élément important pour l’appropriation des nouvelles technologies. Et l’innovation constituera, elle, un argument indispensable pour séduire la jeune génération aux métiers de la construction. Sur la question de la qualité, les experts rappellent que les constructeurs doivent produire ce que leurs clients demandent et que leurs réalisation atteignent des performances élevées (consommations énergétiques, empreinte carbone réduite, confort d’utilisation élargi). D’où la nécessité d’outils de contrôle de conformité et de qualité, la généralisation de solutions de qualité de l’air intérieur ou la meilleure intégration des productions d’énergies renouvelables, voire l’électrification des usages y compris sur les chantiers. Quant à la sécurité, l’Observatoire liste différentes réponses en cours d’élaboration : équipements personnels de protection connectés, capteurs de détection des collisions, outils de formation interactifs… Julie Brasset, co-fondatrice de Marmelade App, fait valoir : « Marmelade est une application qui simplifie la formation réglementée. C’est un moyen de toucher des collaborateurs en mobilité, et de les sensibiliser au risque de terrain. La formation digitale est plus rapide qu’une formation en organisme classique, puisque la démarche est dématérialisée et qu’elle peut démarrer en 3 clics. La partie pratique de la formation, qui représente 30 %, est réalisée en partenariat avec des centres de formation situés à proximité (grâce à la géolocalisation) ».

L’Observatoire des tendances distingue les trois principaux champs d’innovation levant le plus de fonds : les outils digitaux collaboratifs de suivi de chantier arrivent en tête, devant les dispositifs de pilotage intelligent des équipements et ouvrages et devant les outils d’édition et de partage du BIM. Côté densité du nombre de startup, la hiérarchie change un peu, puisque les outils dédiés au BIM dominent le classement, devant les robots et cobots de chantier et les solutions collaboratives de suivi de chantier. L’ensemble des startups sont à retrouver dans le guide de 147 pages édité par les trois partenaires.

G.N.

Grégoire Noble
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