La vie est belle ! L’interview de Mamie et Math
L’histoire de Mathieu Lezeau alias Mamie et Math sur les réseaux sociaux se déroule comme le scénario d’un film : un enchaînement de rencontres, de rebondissements et une fin en forme de conte de fées.
Qui sait si un jour il jouera son propre rôle sur grand écran ?
Pour Tokster, tout commence le 18 janvier 2024 au dernier étage de la Samaritaine à Paris pendant une soirée organisée par Tout Faire pour célébrer les artisans du bâtiment.
Laurent Jacquet, Kelly Cruz, Victoria Floc’h, Stéphane Aria, Nicolas Paul, Hilanie Rousseau, Cindy Plumbs, Rémi Fusaro, Louise Guillet, Lucie Amand, et quelques autres, ils étaient tous là. La crème de la crème des artisans connectés du bâtiment. Ils cumulent des millions de followers sur Tik Tok, You Tube, Instagram ou encore LinkedIn.
J’avais une mission : les interviewer pendant les quatre heures de l’événement. Ils devaient réagir à l’incroyable campagne Tout Faire et, en cette année olympique, parler du rapport entre leur métier et le sport.
C’est pendant cette soirée que j’ai rencontré Math, un ancien rugbyman et militaire qui s’était lancé dans la rénovation d’une vieille maison. Mais que faisait-il dans cette soirée, lui qui, contrairement aux autres, n’était pas un artisan professionnel ? Je n’ai pas mis longtemps à comprendre pourquoi il avait été invité. Tout de suite, j’ai été séduit par sa sympathie, sa spontanéité, son dynamisme et son naturel.
Voici la vidéo de son interview.
Forcément, on avait envie de le connaître un peu mieux. C’est désormais chose faite. Math vous raconte son histoire avec et sans mamie.
Premier épisode : la vie à Saint-Barth
« Avec Cindy, ma copine, on a décidé d’aller vivre à Saint-Barthélemy dans les Antilles françaises. Je venais de passer cinq ans dans l’armée et je ressentais le besoin de voir autre chose. Je tire alors un trait sur les règles strictes de la vie militaire pour une vie bien plus cool sur une île paradisiaque. Le contraste est saisissant.
Comme j’avais fait une formation de mixologue (expert dans l’art de mélanger des boissons pour préparer des cocktails) en Thaïlande, je me lance comme barman et serveur dans un restaurant de Saint-Barth, le Bouchon.
La vie est belle. Tous les soirs, je côtoie de nouveaux clients en restant hyper naturel, à la fois souriant et professionnel. Je rigole avec eux sans me préoccuper de savoir qui ils sont. Jusqu’au jour où l’un d’entre eux me demande si j’avais l’intention de faire ce métier toute ma vie. C’était le directeur de la boutique Dolce & Gabbana à Saint-Barth ! Il me propose alors tout de go un poste de vendeur.
Je lui dis que je n’avais jamais travaillé dans la vente et que je ne connaissais pas du tout le secteur de la mode. Il me rassure en me répondant que j’apprendrai rapidement et que je n’avais qu’à rester moi-même.
Pendant mes six mois chez Dolce & Gabbana, je vais accueillir des personnalités comme Britney Spears, parfois sans les reconnaître comme Roman Abramovitch, l’ancien président du club de foot de Chelsea. J’ai même vendu un maillot de bain à Mariah Carey !
C’est à ce moment-là que j’ai commencé à publier des vidéos sur Tik Tok qui s’appelait encore musical.ly à l’époque.
J’ai un rêve depuis ma plus tendre enfance, je veux faire du cinéma, devenir acteur. J’ai toujours aimé faire rire les gens. J’aurais voulu suivre des cours de théâtre, mais malheureusement mes parents n’avaient pas les moyens.
J’ai découvert cette application qui me permettait de me filmer et de poster mes vidéos des plus belles plages de l’île, de mes randonnées ou des autres trésors de Saint-Barth. J’avais l’impression de « faire de l’acting ». Et ça marchait plutôt bien, j’ai réussi à avoir plus de 100 000 abonnés en six mois.
Vraiment, la vie était belle. Et puis, la COVID-19 est arrivée.
Ma copine est pharmacienne. Elle a donc continué à travailler. Mais moi, que ce soit dans le commerce ou dans la restauration, tout s’est arrêté du jour au lendemain. Alors, j’ai continué mes vidéos pour passer le temps et sans avoir l’ambition de devenir influenceur. Ma copine est tombée enceinte. On décide alors de rentrer en métropole à Poitiers.
Un beau jour, on va rendre visite à ma grand-mère à Royan. On voulait lui présenter notre fils, Camille. Elle vivait seule, alors on lui a proposé de venir vivre avec nous. Je pense que ce n’est pas si commun qu’une grand-mère vienne habiter chez ses petits-enfants. »
@mamie_et_math FRANCE 2 reportage sur mamie #mamietiktok #mamiedede #amour ♬ Witch Familiar (Classical) [Classic](143628) - dice
Deuxième épisode : la vie avec Mamie
« Dès mon retour en France, j’avais continué à poster mes vidéos. Un soir, je me décide à raconter l’histoire de ma grand-mère. J’explique qu’elle vivait isolée loin de sa famille, qu’elle avait eu un accident de circulation et que depuis elle vivait avec nous. Je la montre pour la première fois en vidéo. Je publie sur Tik Tok et je vais me coucher.
À mon réveil, mon smartphone était bouillant, la liste des notifications était plus longue que la muraille de Chine, et j’avais gagné en une seule nuit plus de 100 000 abonnés !
C’était impressionnant. J’étais à la fois content et un peu paumé. On s’est dit que les gens se reconnaissaient dans notre histoire, surtout pendant le confinement et toutes les anomalies qu’il avait engendrées.
Ils se retrouvaient dans nos scènes du quotidien, dans nos recettes et nos astuces de grand-mère ! Des trucs hyper naturels. C’est ce qui m’a plu. On apportait dans un moment compliqué un peu d’amour et de gaieté.
J’ai décroché mon premier partenariat avec le site « MyHeritage ». À partir des données de ton ADN, tu peux reconstituer ton arbre généalogique et savoir d’où viennent tes origines. Ils m’ont proposé 500 euros pour faire une seule vidéo. Je n’en croyais pas mes yeux et mes oreilles. Alors je me suis dit que c’était mieux de faire ça que de travailler jusqu’à 2 heures du matin dans la restauration. La voie était toute tracée.
J’ai profité de mon année de chômage pour créer et développer mon entreprise. Bien sûr, j'ai aussi amélioré ma technique en faisant des vidéos de meilleure qualité. Et puis, on a décidé d’acheter une maison. On a eu un coup de cœur en visitant un ancien corps de ferme avec une grange à rénover entièrement. Nous voilà dans les travaux jusqu’au cou. C’était une aventure super chouette.
J’étais débutant, je n’avais jamais posé un parpaing de ma vie, ni même utilisé une bétonnière. Je bricolais un peu, car mon grand-père maternel était un type manuel. Quand j’étais gamin, je passais des heures à le regarder faire des travaux. J’avais quelques bases, mais c’était clairement insuffisant.»
@math_renovation aménagement extérieur #matrenov ♬ Sweet Child O' Mine - Guns N' Roses
« Alors, j’ai commencé à regarder des vidéos d’artisans sur YouTube qui faisaient des tutos. C’est comme ça que j’ai connu Stéphane Aria. Pendant la soirée Tout Faire, j’ai pu le rencontrer en chair et en os. On a été boire un verre ensemble. C’était super. Ce qui m'intéresse vraiment, c'est de voir si la personne est comme elle est sur les réseaux, et je n’ai pas été déçu. J’ai aussi revu Kelly Cruz que je connaissais déjà. J’ai pu discuter avec son compagnon, c’était sympa. J’ai passé aussi un excellent moment avec le gars qui vient de Toulouse, Cédric Prats. Et puis, Maxine et Maxime qui construisent leur gîte. On peut les suivre sur leur compte « Le chantier des Max ». C’était vraiment cool de voir et d’échanger avec tous ces créateurs de contenu du bâtiment.
Je me suis retrouvé dans la situation des gens qui me suivent sur les réseaux et que je croise dans la rue. Cette fois, c’était moi qui avais la chance de croiser ceux que je suis.
J’ai donc ouvert à mon tour ma chaîne de rénovation. J’ai un public très vaste avec des gens qui se retrouvent en moi, car je suis comme eux. C’est aussi pour ça, je crois, que des marques font des partenariats avec moi. Comme cette année avec Weber, car on est en train de refaire la façade.
Ils me suivent aussi pour ma complicité avec ma grand-mère. C’est grâce à elle que j’ai gagné de la visibilité.
Oui, mais voilà, ma grand-mère est repartie vivre à Royan. Le duo est cassé, alors j’ai pensé tout abandonner. Je me suis dit que les réseaux sociaux, c’était fini pour moi. Je vais inexorablement retomber dans l’anonymat et retrouver un boulot lambda comme j’en ai déjà fait auparavant.
J'ai bossé très jeune dans des conditions particulièrement difficiles. À 14 ans, j’étais boucher dans un abattoir. Ensuite, j’ai travaillé à la chaîne dans une usine. Je perçais des trous dans des plaques en fer, sans même savoir ce que je fabriquais !
Ce sont des expériences qui marquent une vie. J’ai travaillé dur, je sais ce que c’est, mais il y a toujours pire. Je n’ai pas du tout envie de me plaindre. Mais là, j’ai eu peur de perdre ce que j’aimais vraiment faire : créer du contenu. Je suis comme une personne qui fait un spectacle, il travaille dans le divertissement. Moi aussi, je fais du divertissement. Je suis créateur de contenu. Je n’aime pas trop le terme d’influenceur, car je n’aimerais pas être associé aux gens qui font de la télé-réalité par exemple. Ce n’est pas du tout mon parcours. On pourrait tenter une sorte de syllogisme en disant que tous les labradors sont des chiens, mais tous les chiens ne sont pas des labradors. Les créateurs de contenu sont des influenceurs, mais tous les influenceurs ne sont pas des créateurs de contenu.
Mamie partie, je devais rebondir et trouver une nouvelle idée. »
Troisième épisode : la vie avec Camille
« Un beau matin, je me suis dit qu’il faudrait que je fasse une vidéo avec mon titi, mon fils Camille. Et ça explose, j’ai pris 100 000 abonnés en 3 jours. Les partenariats suivent comme avec Mamie. Encore mieux même.
Heureusement, il y a une législation qui protège les enfants avec notamment des horaires de travail à respecter. Ça leur permet de gagner un peu d’argent et d’en profiter quand ils auront 18 ans. C’est quelque chose qui me tient à cœur. Bien sûr, en médiatisant son image, je prends aussi le risque que mon fils me dise un jour « Papa, je ne voulais pas être sur les réseaux sociaux ! » C’est vrai qu’aujourd’hui, il est trop petit pour comprendre. Il n’imagine pas qu’il y a 8 millions de personnes qui l’ont vu manger une feuille de salade. »
@mamie_et_math De la SALADE pour le goûter #matfamilly ♬ son original - Mamie et math
« C’est vrai, j’ai hésité à franchir le pas, mais je ne le regrette pas. J’essaie d’apporter grâce à lui, comme je le faisais avec Mamie, de la bonne humeur.
Il est très naturel sur les vidéos. Je pose le téléphone sur le trépied et je parle avec lui pour qu’il oublie la caméra. J’essaie de mettre en scène des situations amusantes comme lorsque justement je lui présente dans son assiette une salade pour son goûter. J’attends sa réaction et je le laisse parler. Parfois, je le reprends, car ça me permet de corriger son élocution et enrichir son langage. Cette vidéo a fait 4 millions de visualisations en 24 heures, beaucoup plus que les vidéos avec Mamie.
Je me dis que ce rêve que j’avais de devenir acteur, c’est peut-être lui qui va le réaliser.
Ces vidéos, ce sont aussi des souvenirs pour nous tous. Sa sœur, Romie, est encore trop petite pour participer à nos vidéos. Mais la relève est assurée. »
Quatrième épisode : la vie avec Cindy
« Le 13 juillet, Cindy et moi, on va se marier. On organisera une fête en septembre chez nous. On fera ça dans le jardin. On va créer des pièces à ciel ouvert. Une première pièce pour la cérémonie, une deuxième pièce pour le cocktail et le vin d’honneur, et une troisième pièce pour la soirée.
On va donc célébrer notre mariage dans un lieu que l’on a nous-mêmes créé. »
Je l’avais annoncé en introduction, cette histoire se termine comme un conte de fées. Un conte de fées de notre époque. Ce n’est plus "ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants". Mais "ils eurent de beaux enfants et se marièrent !" Car pour faire cela, il fallait d’abord qu’ils crée une scène à leur image, un lieu de vie et de bonne humeur.
On pourra voir la suite de leurs aventures sur Instagram et sur TikTok.
@mamie_et_math ELLE A DIT OUI ? Dans les doux paysages enneigés de la Laponie suédoise, j'ai plié le genou avec le cœur vibrant d'amour. Grâce à @passionlaponie et cette magnifique bague que j'ai choisi chez #ocarat chaque détail s'est transformé en une symphonie d'émotions. Elle a dit oui, et dans ce moment, le monde s'est figé, laissant place à l'éternité de notre amour. Je vous partage ce chapitre magique, gravé dans la neige éternelle de nos souvenirs. ❄️💍 #UnOuiSousLesAurores #AmourÉternel #passionlaponie #Ocarat ♬ son original - Mamie et math
Épilogue : la vie est belle
« Dans quelques jours, je vais réaliser un nouveau rêve, je vais à Dijon pour suivre une étape du Tour de France. C’est quelque chose qui me passionne depuis toujours. J’adore voir les cyclistes disputer des courses. »
C’est un point commun entre Math et moi. J’ai débuté ma carrière en tant que journaliste sportif et j’ai déjà eu la chance de suivre plusieurs étapes de montagne. J’accompagnais des journalistes expérimentés de France-soir. Quand on descendait les cols dans la voiture de presse, j’avais une peur bleue. On faisait la descente avant les coureurs et le pilote devait aller plus vite qu’eux. J’étais ballotté dans tous les sens, je m’agrippais de toutes les forces à la poignée de maintien au-dessus de la portière et j’évitais surtout de regarder par la fenêtre ! Des sensations dignes de Space Mountain.
Mon rôle consistait surtout à observer le travail des journalistes et j’ai appris beaucoup de choses. À la fin de chaque étape, Jean Perez, le responsable de la rubrique sur le cyclisme, allait interviewer un ancien champion, Bernard Thévenet si je me souviens bien, pour recueillir ses impressions. Il lui posait des questions, il prenait des notes, puis il rédigeait l’article comme si c’était le champion lui-même à parler aux lecteurs. D’ailleurs, ça me donne une idée pour présenter l’interview de Math.
Bien plus tard, j’ai compris que cette méthode de retranscrire les propos des autres dans un article avait un nom, le storytelling.
Dans ses vidéos, Math nous apporte sa bonne humeur, mais il en profite aussi pour faire passer des messages. Par exemple, sur l'environnement quand on le voit ramasser des déchets plastiques, sur l'éducation à la non-violence, ou sur les actes citoyens quand Mamie parle de l'importance d'aller voter quand on est en démocratie. On a beaucoup à apprendre en écoutant les anciens, ne l'oublions jamais.
Il me reste deux ou trois questions à poser à Math pour conclure cet article.
Math, si on prenait ensemble un café dans un bar de Poitiers, de quoi me parlerais-tu en dehors de tes activités professionnelles ?
« Je m’intéresse beaucoup aux autres. Maintenant que je sais que tu étais journaliste sportif, je crois qu’on parlerait de sport. »
J’aimerais savoir une dernière chose. Comme le cinéma te passionne, quel est ton film préféré ?
« C’est « La vie est belle » de Roberto Benigni. C’est un film rempli d’amour et l’acteur est extraordinaire. »